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Ajoutons que les loix mêmes, chez les Grecs & les Romains, étoient vicieuses en un point fi important, puifqu'elles permettoient aux peres d'expofer & de tuer leurs enfans fur ce faux

principe, que celui qui a donné la vie, eft en droit de l'ôter; mais, Dieu feul donne la vie, & feul il peut en priver fans autre raison que fa volonté.

Les foins de l'éducation n'ont guère été connus que parmi les nations policées. Chez les Germains, on voyoit dans toutes les maifons les enfans courir nus, fales & malpropres, comme font les enfans de nos plus pauvres payfans. Le corps profitoit en eux de la négligence avec laquelle on traitoit leur ame & leur efprit, & felon la remarque de Céfar, comme on ne les gênoit en rien, qu'on ne les obligeoit de rien apprendre, & qu'on leur laiffoit pleine liberté de fuivre le penchant qu'inspire la nature à cet âge, pour jouer & prendre de l'exercice, c'étoit-là une des principales caufes d'où leur venoit cette hauteur de taille, cette vigueur robufte, qui faifoient l'admiration des peuples du midi.

Chaque enfant étoit allaité par fa mere, & non pas livré à des femmes efclaves, ni à des nourrices mercénaires. Les fils du pere de famille étoient élevés avec les enfans de fes ef-claves fans nulle diftinction. Ils alloient enfemble faire paître les troupeaux; on les trou

voit couchés pêle-mêle à plate terre. Tout étoit commun, jufqu'à ce que la vertu fe développant avec l'âge, manifeftât la différence de l'origine.

On ne fe hâtoit point de les marier, & c'eft ce qui rendoit leurs mariages plus féconds, & les enfans qui en naifoient plus vigoureux.

Les neveux, par les fœurs, étoient confidérés & chéris de l'oncle comme fes enfans. Il leur donnoit même, par une bizarrerie fingulière, une forte de préférence. Cependant, chacun avoit pour héritier fes propres enfans, & à leur défreres, oncles paternels & mafaut les parens les plus proches, ternels. L'ufage des teftamens étoit ignoré parmi eux. Plus un homme avoit de parens & d'alliés, plus fa richeffe étoit refpectée, & ce n'étoit point chez les Romains & les Grecs, parmis les Germains, comme un titre pour avoir au tour de foi une cour nombreuse, que d'être riche & fans enfans.

Les inimitiés, ainfi que les amitiés, étoient héréditaires, mais non implacables. Nous avons déjà obfervé que la réparation même de l'homicide ne coûtoit fouvent qu'un certain nombre de beftiaux & de chevaux. Cette politique partoit d'un principe fenfé. Parmi des peuples libres, où les inimitiés font plus dangereufes & plus fujettes à fe porter aux excès, il eft du bien public

qu'elles foient aifées à termi

ner.

31.0

Spectacles chez les Germains.

Il n'eft aucune nation qui n'ait eu fes fpectacles, pour amufer en certains tems la multitude. Ceux des Germains fe réduisoient à une feule efpèce, qui convenoit bien à leur goût pour les armes. De jeunes gens nus fautoient à travers des amas de lances & d'épées qui préfentoient leurs pointes, & ils faifoient ainfi preuve de leur agilité & de leur adreffe, y Joignant même la bonne grace, que l'exercice leur avoit fait acquérir, le tout fans intérêt. L'unique falaire d'un badinage fi hazardeux, étoit le plaifir des fpectateurs.

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Le jeu des dez étoit chez les Germains une fureur. Ils le traitent, dit Tacite avec étonnement, comme une affaire férieufe, de fens froid, & fans que l'ivreffe puiffe excufer la foible témérité, à laquelle ils fe laiffent emporter. Car, lorfqu'ils ont tout perdu, fouvent en un dernier coup de dez ils jouent leur liberté & leur perfonne. Si le fort a été malheureux, le perdant fe foumet volontairement à la fervitude. Quoique plus jeune, quoique plus fort, il fouffre fans réfiltance qu'on l'emmene, qu'on

le

garrotte, qu'on le vende. Tel eft dans un objet vicieux & condamnable, leur prodigieux acharnement. Ils l'honorent du nom de fidélité. Des efclaves de cette espèce faifoient honte à leurs maîtres, qui, rougiffant d'une telle victoire, fe hâtoient de se débarrasser de celui, dont la préfence leur étoit un reproche continuel, & le vendoient à quelque étranger pour être emmené en païs lointain.

33.9

Efclaves chez les Germains. :
Affranchis.

Du refte, la fervitude étoit bien plus douce chez eux que chez les peuples policés. Ils ne fe faifoient point fervir par leurs efclaves dans leurs maifons. Leur vie fimple pouvoit le contenter du ministère de leurs femmes & de leurs enfans. Chaque efclave avoit fon petit éta bliffement, & le maître en exigeeit, comme d'un fermier, une certaine redevance, ou eh bled, ou en beftiaux, ou en étoffes propres à l'habiller. Les châtimens étoient rares, parce

que les occafions de tomber en faute l'étoient auffi pour des efclaves, qui n'étoient point tenus en famille, ni affujettis à un grand nombre de devoirs. Si le maître en tuoit quelqu'un, c'étoit par emportement & par colere, comme il auroit tué un ennemi, avec la feule différence de l'impunité. La condition des affranchis s'élevoit peu audeffus de celle des efclaves,

fi ce n'eft chez les peuples gouvernés par des Rois. En tout, païs l'inégalité conftante & conftante & marquée des gens de bas lieu eft la preuve & l'effet de la liberté de la nation.

34.° 'Point d'ufure chez les Germains.

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Funérailles des Germains.

Le dernier acte de la vie humaine fe paffoit avec la même fimplicité que tout le reste. Nulle magnificence pour les funérailles. L'ufage de brûler les corps étoit pratiqué parmi les Germains, & la feule diftinction qu'ils accordaffent aux illuftres perfonnages, c'étoit d'employer certains bois choifis pour former leur bûcher. On brûloit avec le mort fes armes, & quelquefois fon cheval de guerre. Les monumens n'étoient que de petits tertres couverts de gazons. Les tombeaux fuperbes & élevés à grands frais leur fembloient écrafer ceux qui étoient enfevelis deffous. Les larmes & les

-(a) Herod. L. I. c. 135.

cris plaintifs finiffoient promptement, la douleur étoit durable. Pleurer leurs morts étoit, felon eux, le partage des femmes; & celui des hommes, d'en conferver long-tems le fouve

nir.

GERMANIENS, Germanii, Teppavior, (4) peuple d'Afie dans la Perfe, felon Hérodote. Ce peuple étoit compris dans la claffe de ceux qui s'occupoient à labourer

GERMANIQUE, Germanicus. Le dictionnaire de Trévoux ne veut pas que l'on confonde Germanicus & Germanique.

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Germanicus, dit l'Auteur de » ce dictionnaire, eft un nom " propre, & Germanique eft » un adjectif & un titre d'hon>> neur. Jamais on ne dit Ger>> manique quand c'eft un nom » propre ; & il eft mieux de » dire Germanique, & non pas >> Germanicus, quand c'eft un > titre d'honneur. Cependant, » les Antiquaires le difent quel» quefois. Par exemple, je fuis » étonné de ce que voyant fi fou» vent fur les médailles de Valé» rien des marques des victoires » qu'il a remportées fur les Alle» mans, VICTORIA GER» MANICA.VICTORIA GER. » VICTORIA G. M. [ Car pref» que tous les revers qui font à » ce fujet dans Gallien, fe trou» vent également dans Valérien. ] » Je fuis, dis-je, étonné de ce » que Valérien n'eft pas appellé » Germanicus; ou Germanicus

» Maximus, auffi bien que Gal» lien. P. Camill. Pourquoi Va»lérien n'eft-il donc pas Germa»nicus Maximus auffi-bien que » Gallien? idem. Mais, dans >> ces exemples, c'eft l'infcrip» tion Latine qui eft citée ; ce » n'eft pas le terme François » dont on fe fert. Car, com» me le même Auteur dit au » même endroit Claude le Gothique, felon l'usage, il » eût dit auffi Gallien le Ger» manique, Claude le Germa»nique, s'il n'eût point rap» porté les infcriptions mêmes >> des médailles. »

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GERMANUM, Germanum, Tepμarov. Voyez Cermanum. GERMINIUS, Germinius, (a) terme qui fe lit dans la traduction Latine de la vie de C. Marius par Plutarque. Mais, le texte Grec porte Géminius.

GÉRONDIF, Gerundivus, Gerundium, terme de Grammai-, re Latine.

L'effence du verbe consiste à exprimer l'existence d'une modification dans un fujet. Quand les befoins de l'énonciation exigent que l'on fépare du verbe la confidération du fujet, l'exiftence de la modification s'exprime alors d'une manière abftraite & tout à fait indépendante du fujet, qui eft pourtant toujours fuppofé par la nature même de la chofe, parce qu'une modification ne peut exifter que dans un fujet. Cette manière d'énoncer l'existence

(4) Plut. T. I. p. 426, 437.

de la modification, eft ce que l'on appelle dans le verbe mode infinitif.

Dans cette état, le verbe eft une forte de nom, puifqu'il préfente à l'efprit l'idée d'une modification exiftante, comme étant ou pouvant être le fujet d'autres modifications; & il figure en effet dans le difcours comme les noms ; de-là ces façons de parler, dormir eft un tems perdu; dulce & decorum eft pro patria mori. Dormir, dans la première phrase, & mori, dans la feconde, font des fujets dont on énonce quelque

chofe.

Dans les langues qui n'ont point de cas, cette espèce de nom paroît fous la même forme dans toutes les occurrences. La langue Grecque elle même, qui admet les cas dans les autres noms, n'y a point affujetti fes infinitifs; elle exprime les rapports à l'ordre de l'énonciation, ou par l'article qui fe met avant l'infinitif au cas exigé par la fyntaxe Grecque, ou par des prépofitions conjointement avec le même article. Nous difons en François avec un nom, le tems de diner, pour le dîner, &c. & avec un adverbe, le tems d'aller, pour aller, &c.; de même les Grecs difent avec le nom, ώρα του ἀοίττου πPOS TO άPLOTOV, & avec le verbe, ώρα του πορεύεσθαι πρὸς τὸ opsusan

"

Les Latins ont pris une rou

te différente; ils ont donné à leurs infinitifs des inflexions analogues aux cas des noms; & comme ils difent avec les noms, tempus prandii, ad prandium, ils difent avec les verbes tempus eundi, ad eundum.

Ce font ces inflexions de l'infinitif que l'on appelle Gérondifs, en Latin Gerundia, peutêtre parce qu'ils tiennent lieu de l'infinitif même, vicem gerunt. Ainfi, il paroît que la véritable notion des gérondifs exige qu'on les regarde comme différens cas de l'infinitif même, comme des inflexions particulières que l'ufage de la langue Latine a données à l'infinitif, pour exprimer certains points de vue relatifs à l'ordre de l'énonciation; ce qui produit en même tems de la variété dans le difcours, parce qu'on n'eft pas forcé de montrer à tout moment la terminaison propre de l'infinitif.

On diftingue ordinairement trois Gérondifs; le premier a la même inflexion que le génitif des noms de la feconde déelinaifon, fcribendi; le second eft terminé comme le datif ou

l'ablatif, fcribendo ; & le troifième a la même terminaifon que le nominatif ou l'accufatif des noms neutres de cette déclinaifon, fcribendum. Cette analogie des terminaifons des Gérondifs avec les cas des noms, eft un premier préjugé en faveur de l'opinion que nous embraffons ici; elle va acquérir un nouveau degré de vraisem

blance, par l'examen de l'ufage qu'on en fait dans la langue Latine.

I. Le premier Gérondif, celui qui a la terminaison du génitif, fait dans le difcours la même fonction, la fonction de déterminer la fignification vague d'un nom appellatif, en exprimant le terme d'un rapport dont le nom appellatif énonce l'antécédent. Tempus fcribendi, rapport du tems à l'évènement; facilitas fcribendi, rapport de la puiffance à l'acte; caufa fcribendi, rapport de la caufe à l'effet. Dans ces trois phrafes, fcribendi détermine la fignification des noms tempus, facilitas, caufa, comme elle feroit déterminée par le génitif fcriptionis, fi l'on difoit, tempus fcriptionis, facilitas fcriptionis, caufa fcriptionis.

II. Le fecond Gérondif, dont la terminaison eft la même que celle du datif ou de l'ablatif, fait les fonctions tantôt de l'un & tantôt de l'autre de ces cas.

En premier lieu, ce Gérondif fait dans le difcours les fonctions du datif. Ainfi, Pline, en parlant des différentes espèces de papiers, dit [emporetica inutilis fcribendo, ce qui eft la même chofe que inutilis fcriptioni, au moins quant à la conftruction; de même comme on dit, alicui rei operam dare, Plaute dit [Epidic. act. IV.] Epidicum quærendo dabo. operam

En fecond lieu, ce même Gérondif eft fréquemment em

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