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la mer

mais, ni les Romains n'ont » jamais été au-delà de l'Elbe, >> ni perfonne n'a jamais fait ce » chemin à pied. « Pour bien entendre ce paffage de Strabon, il faut fçavoir que quelques Anciens ont cru que Cafpienne communiquoit au hord à l'Océan Scythique par un bras de mer affez long. Peutêtre avoit-on pris l'embouchure du Volga pour une communication de cette mer à une autre. Ainsi, Strabon croyoit qu'on pouvoit paffer de la mer que nous appellons aujourd'hui mer d'Allemagne, continuée par la mer Baltique, dans la mer de Scythie; & de-là dans la mer Cafpienne, par cette communication que l'on fçait à préfent être chimérique.

Strabon ne connoiffoit de la Germanie, que ce que les guerres d'Augufte, de Drufus, de Germanicus & de Tibere en avoient découvert. Il la borne au couchant par le Rhin, depuis fa fource jusqu'à son embouchure, & dit que quelquesuns de ceux qui habitoient le long de ce fleuve, avoient déjà été transportés dans la Gaule par les Romains; [il entend les Ubiens & une partie des Sicambres que quelques-uns s'étoient retirés plus avant dans le païs, comme les Marfes, & qu'il n'étoit demeuré que peu de Sicambres près du Rhin, Entre le Rhin & l'Elbe, qui ont un cours égal vers l'Océan, il place l'Ems, fur lequel Drufus donna un combat naval aux

Bructeres. Il dit que du côté du midi, la Germanie touche aux Alpes, & qu'il y a des montagnes de même nom, qui s'étendent vers l'Orient, quoique moindres que celles d'Italie. Il met dans la Germanie la forêt d'Hercynie, & les peuples Sueves dont quelques-uns habitent dans la forêt, & les autres dehors.

Il place enfuite les Coldules, entre lefquels étoit Boviafmum, réfidence du roi Maroboduus; & les Marcomans, qui y avoient été tranférés par ce Roi, Il y ajoûte les nations que ce Prince avoit vaincues; fçavoir, les Luii, les Zumi, les Butones, les Mugilones, les Sibini & les Semnones, peuple d'entre les Sueves. Car, felon lui, la nation des Sueves étoit trèsgrande, & s'étendoit depuis le Rhin jufqu'au-delà de l'Elbe, & confinoit avec les Getes.

Il y avoit au-delà de l'Elbe, les Hermundures & les Lancofargi. Ce dernier nom eft corrompu, c'eft Langobardi. Strabon dit qu'ils vivoient à la façon des Nomades. Il fait auffi mention de quelques moindres peuples de la Germanie; fçavoir, les Chérufques, les Chattes, les Gamabriviens, les Chattuariens.

Il range le long de l'Océan les Sugambres, les Chaubes, les Bructeres, les Cimbres, les Cauques, les Caulques & les Campfiani.

Il donne un même cours à l'Ems, au Wéser & à la Lippe;

mais il fe trompe; les deux premières fe perdent dans l'Océan & la troisième dans le Rhin. Il nomme auffi la rivière de Sala, & dit que Drufus mourut entre la Sala & le Rhin. Entre les illes qui bordent la Germanie, il dit que Burchanis fut prife par Drufus.

Dans la defcription du triomphe de Drufus, lorfqu'il fait le dénombrement des peuples vaincus, il change quelques noms. Il appelle Catheilci ceux qu'il avoit auparavant nommés Caulci; il y nomme Ampfani ceux qu'il appelle ailleurs Campfiani; & aux Bructeres, Cherufques, &c. il ajoûte des nations dont il n'avoit rien dit; fçavoir Nufipi, Landi & Subattii.

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Il compte entre l'Elbe & le Rhin une diftance de trois mille ftades en droite ligne. Il dit,

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Qu'au milieu de la forêt » d'Hercynie, est une contrée très-habitable, auprès de la» quelle font les fources du » Danube & du Rhin, qui ont » entre elles des marais où les eaux du Rhin fe répan» dent; que le lac a plus de » trois cens ftades de circuit,

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& près de deux cens de tra» jet; que dans ce lac il y a »une ifle dont Tibere fe fit un » lieu de retraite au combat >> naval qu'il donna contre les » Vindéliciens; car, comme »ce lac & la forêt d'Hercynie >> font plus avancés au midi » que les fources du Danube, » il faut néceffairement que quand de la Gaule on veut

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» aller à cette forêt, on paffe » ce lac, enfuite le Danube » & que l'on traverse des païs >> plus commodes pour les voya» geurs, & des plaines entre» coupées de montagnes, pour » arriver à la forêt. Tibere » étant parti du lac, après une » marche d'un jour, arriva à la » fource du Danube. Les Rhé>> thiens confinent un peu àu » lac; les Helvétiens & les » Vindéliciens y confinent da

vantage. Après cela, eft le » défert des Boïens jufqu'à la » Pannonie. Tous, principa>>lement les Helvétiens & les » Vindéliciens, habitent des » plaines accompagnées de » montagnes. Les habitans de » la Rhétie & du Norique s'é»tendent jufqu'au fommet des Alpes, vers l'Italie, & con» finent les uns avec les Infu>>briens, les autres avec les » Carniens, & aux lieux voi» fins d'Aquilée.

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» Il y a auffi, poursuit ce Géographe, une autre gran» de forêt nommée Gabreta, » après laquelle on trouve les » Sueves, puis la forêt d'Hercynie que les Sueves occu» pent auffi. «

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du Rhin, depuis fa fource jufqu'à l'embouchure nommée Flevus, il pourfuit ainfi » La >> Germanie eft formée par la rive de ce fleuve, depuis là >> jufqu'aux Alpes; au midi par » les Alpes, à l'orient par les »nations Sarmates, & au fep>> tentrion par l'Océan. Les » Habitans font grands, féro» ces & courageux; ils entre>> tiennent leur courage par > des guerres continuelles, & > accoûtument leurs corps à la » fatigue. Dans le plus grand » froid, ils font tous nus, avant » qu'ils aient atteint l'âge de » puberté, & chez eux on y » parvient affez tard. Les hom>> mes font vêtus d'un feutre » groffier, ou d'écorces d'ar>> bres, au fort de l'hiver; ils >> aiment avec paffion à fe bai>gner. Ils font la guerre con» tre leurs voifins, & en font > naître les prétextes, felon » leur caprice. Leur droit con» fiste dans la force; ils n'ont point de honte de voler, & >> fe contentent d'être bons en» vers leurs hôtes, & doux à » l'égard de ceux qui les fup» plient. Ils mangent de la » chair crue, fe contentent de » la preffer dans fon cuir, avec » les mains & les pieds.

Le païs eft entrecoupé de » rivieres, hériffé de montagnes, & impraticable en beau» coup de lieux, à caufe des » bois & des marais. Les plus > grands marais font Suéfia, » Eftia & Melfiagum; les forêts » les plus confidérables font

» l'Hercynie & quelques autres » qui ont des noms particuliers; » celle-là o cupe un terrein » de deux mois de chemin; & » comme elle eft la plus gran» de, elle eft la plus connue. » Les plus hautes montagnes » font Taunus & Rhetico; les au>> tres ont des noms qu'un Ro» main ne fçauroit prononcer.

» Les rivieres qui coulent » de-là en d'autres païs, font » le Danube & le Rhône; cel» les qui tombent dans le Rhin, >> font le Mein & la Lippe ; » celles qui fe rendent dans » l'Océan, font l'Ems, le Wé» fer & l'Elbe qui font très» célebres. Au-deffus de l'Elbe >> eft le golfe Codanus, rempli >> d'ifles, tant grandes que pe»tites.... C'est dans ce golfe font les Cimbres & les » Teutons; & au-delà d'eux » les Hermons, les derniers » de tous les Germains. « Voilà à quoi fe réduit ce que l'on fçavoit de la Germanie fous Claude.

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3.o

La Germanie felon Pline..

Pline, qui vivoit fous Vefpafien, eut occafion d'en apprendre davantage; car, felon une des lettres de Pline le jeune, il fervit en Germanie, & écrivit en vingt livres les guerres des Romains contre les Germains. Cet ouvrage, qui est perdu, lui fervit, fans doute, beaucoup pour la Géographie inférée dans fon hiftoire naturelle. Il n'en parle cependant

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qu'avec une réserve fort louable. Après avoir dit qu'il n'étoit pas aifé de connoître la vraie étendue de la Germanie caufe de la différence des fentimens de ceux qui en ont parlé, il ajoûte qu'Agrippa, en y joi gnant la Rhétie & le Norique, lui donnoit DCLXXXVI. M. P. de longueur, & CCLXVIII. M. P. de largeur. Il obferve enfuite que ce Prince s'étoit trompé, en donnant à ces trois païs enfemble moins de largeur que n'en avoit la Rhétie feule, qui avoit été fubjuguée vers le tems de fa mort; au lieu, pourfuit-il, que la Germanie n'a été connue que quelques années après, encore ne l'eft-elle pas entièrement; mais, s'il eft permis de Conjecturer, il ne s'en faut pas beaucoup que la côte de Germanie n'ait l'étendue que lui donne l'opinion des Grecs, c'est-à-dire, vingt-cinq fois cent mille pas, & que la longueur marquée par Agrippa, ne foit vraie.

Les Germains font diftribués en cinq grandes nations, 1.o Les Vindiles, qui comprennent les Burgundions, les Varins, les Carins, les Guttons.

2. Les Ingævons, qui renferment les Cimbres, les Teutons & les Cauchi.

3.o Les Iftævons près du Rhin; les Cimbres Méditerranées en faifoient partie.

4. Les Hermions, entre lefquels étoient les Sueves, les Hermondures, les Chattes, les Chérufques.

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4.o

La Germanie felon Tacite.

Corneille Taçite, contemporain de Pline, mais plus jeune, fut procurateur de la Belgique fous Vefpafien; il eft vrai qu'il ne mit pas le pied dans la Germanie Tranfrhénac'est-à-dire, dans la Germanie au-delà du Rhin, Il étoit à portée de s'informer de mille chofes dont il a fait un livre particulier, intitulé des mœurs des Germains. Nous en donnerons un extrait ci-après. Nous nous bornerons ici à ce qu'il y a de géographique. Le voici en fubftance.

Dans la Gaule étoient les habitans de Treves & les Nerviens

venus des Germains au-delà du P'Océan. Il met enfuite les Sue

Rhin.

Le long du Rhin étoient les Vangions, les Tribocci, les Németes, les Ubiens & les Bataves. Il auroit pu y ajoûter les Sicambres qu'il dit ailleurs avoir paffé dans les Gaules. Voilà pour les Germains établis en de-çà du Rhin & dans la Gaule. Voici pour ceux qui étoient dant la véritable Germanie au-delà de ce fleuve.

Outre ceux qui cultivoient les champs Décumates au-delà du Rhin & du Danube, étoient au couchant, les Helvétiens, entre la forêt Hercynie, le Rhin & le Mein, ils étoient Gaulois d'origine; les Cartes, dont la demeure commençoit à la forêt Hercynie, & à qui fe joignoient les Matiaci qui étoient à la droite du Rhin, amis des Romains, égaux aux Bataves. A l'endroit où le Rhin coule fans détour, on trouvoit les Ufipiens & les Tencteres ; auprès de ceux-là, les Bructeres à la place defquels Tacite dit que les Chamaves & les Angrivariens vinrent s'établir.

Derrière ceux-ci étoient les Dulgibins & les Chafuariens. Devant eux étoient les grands & les petits Frifons, qui s'étendoient, dit-il, le long du Rhin jufqu'à l'Océan, autour de certains grands lacs, où les Romains entroient avec leurs flottes.

Au Nord, dans la Germanie, font les Chauques, les Chérufques & les Cimbres, voisins de

ves qui occupoient alors la plus grande partie de la Germanie. L'intérieur du païs étoit aux peuples fuivans; les Semnons qui avoient cent cantons, les Lombards, les Reudigni, peutêtre Thuringi, les Avions, les Anglois, les Varins, les Eudofes, les Suardons, les Nuithons, peut-être les Tuitons ou Teutons.

Les Sueves, qui étoient le long du Danube, comprenoient les Hermundures, les Boïens originaires de la Gaule, les Narifces, les Marcomans, les Quades.

Derrière ceux-ci étoient les Marfigni, les Gothins, les Oses, les Buriens.

Ces Sueves étoient entre les montagnes, au-delà defquelles étoient les Sueves nommés Lygiens, entre lefquels il y avoit les Arii, les Helvécones, les Manimes, les Elyfiens & les Naharvales. Au-delà des Lygiens, Tacite met les Gothons, les Rugiens, & les Lemoviens; enfuite les Suïons qui étoient dans l'Océan, & au-delà defquels eft la mer qu'il nomme Pareffeufe, fur le rivage de laquelle, à la droite, font les Eftyens, chez qui croît l'Ambre. Après les Suïons font les Sitons qui font auffi de la Suévie. Il ne fçait s'il doit donner à la Germanie ou à la Sarmatie, les Peucins, ou Baftarnės les Vénedes, & les Fennes. Il ne nomme point de villes dans tout ce grand païs, parce qu'en

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