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fimples, courtes, claires, femblables aux ordres d'un pere de famille. Auffi le code de Théodoric prévalut-il en Gaule fur celui de Théodofe; & Charlemagne tranfporta dans fes capitulaires plufieurs articles des loix des Visigoths. Les loix des Goths fonderent le droit d'Efpagne; elles en furent la fource. Celles des Lombards ont fervi de bafe aux conftitutions de Frederic II, pour le royau me de Naples & de Sicile. La jurisprudence des fiefs en ufage parmi tant de nations, doit fon origine aux coûtumes des Lombards; & l'Angleterre fe gouverne encore par les loix des Normands. Tous les habitans des côtes de l'Océan ont adop té le droit maritime établi dans l'ile de Gotland, & en ont compofé un droit des gens. La forme même de la légiflation chez les Goths communiquoit à leurs loix une folidité inébranlable. Elles étoient difcutées par le Prince & par les principaux personnages de tous les ordres; rien n'échappoit à tant de regards pénétrans; on pratiquoit avec zele & avec conftance ce que le confente ment commun avoit établi,

Pour les charges publiques, ces peuples ne connoiffoient point les titres purement honorifiques & fans fonction; chez eux tout étoit en action. Dans toutes les villes & jufque dans les bourgs, étoient des Magiftrats choifis par le fuffrage du peuple, qui rendoient la justi

ce, & faifoient la répartition des tributs. Chacun fe marioit dans fon ordre; un homme libre ne pouvoit époufer une femme de condition fervile, ni un noble une roturière. Les femmes n'apportoient pour dot que la chafteté & la fécondité. Toute propriété étoit entre les mains des mâles, qui étoient le foutien de la patrie. Il n'étoit pas permis à une femme d'époufer un mari plus jeune qu'elle. Les parens avoient la tutele des mineurs; mais, le premier tuteur étoit le Prince. Les tranfports de propriété, les engagemens, les teftamens fe faifoient en préfence des Magiftrats, & à la vue du peuple; les conventions appuyées de tant de témoins en étoient plus authentiques; & le public étant inftruit de ce qui appartenoit de droit à cha cun, il ne reftoit plus de lieu aux chicanes, au ftellionat aux prétentions frauduleufes. Les affaires s'expédioient fans longueurs & fans frais. Pour arrêter la témérité des plaideurs, on les obligeoit de configner des gages. Le fang des citoyens étoit précieux; on ne le répandoit que pour les grands crimes; les autres s'expioient par argent ou par la perte de la liberté, Le criminel étoit jugé fans appel par fes pairs. Mais, une coûtume vraiment barbare, & qu'ils ont enfuite répandue par toute l'Europe, c'est que certaines caufes ambigues étoient décidées par le duel.

L'adultère étoit puni de la

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Géfalric, fils naturel d'Euric, fe fit proclamer roi des Vifigoths en Espagne; mais, Théodoric, roi des Oftrogoths en Italie, envoya un brave officier nommé lbbas, au feeours d'Amalaric, fils d'Alaric & de fa fille naturelle Theudigote, lequel étoit en bas âge. Ibbas chaffa Géfalric, plaça Amalaric fur le trône, défit les Fran çois l'an 508, & remit une partie de la Gaule fous la domination des Vifigoths.

Amalaric, étant en état de gouverner fes Etats, fit alliance avec les fils de Clovis, époufa leur fœur Clotilde; mais, comme il étoit Arién, & elle Catholique, il la maltraita, au point qu'elle s'en plaignit à fon frere Childebert, & pour preu ve de fes fouffrances, elle lui envoya un mouchoir teint de fon fang. Childebert, à la vue de ce mouchoir, entra en fureur, fe mit à la tête d'une ar

mée formidable, alla attaquer

Amalaric, le défit & le tua, l'an 531.

Theudis, qui fut proclamé roi des Visigoths après la mort d'Amalaric, transféra fon fiege au-delà des Pyrénées, & les François s'emparerent d'une grande partie de ce que les Vifigoths poffédoient dans les Gaules. Enin, ce royaume, après une longue fuite de Rois, fut détruit par les Mahométans vers l'an 712.

VII.

Caractère & mœurs des Goths.

Ce peuple, né pour la guer re, n'étoit curieux que de belles armes. Ils fe fervoient de piques, de javelots, de fleches, d'épées & de maffues. Ils combattoient à pied & à cheval. Leurs divertiffemens confistoient à se difputer le prix de l'adreffe & de la force dans le maniement des armes. Ils étoient hardis & vaillans, mais avec prudence ; conftans & infatigables dans leurs entreprises; d'un efprit pénétrant & fubtil. Leur extérieur n'avoit rien de rude ni de farouche; c'étoient de grands corps, bien proportionnés, avec une chevelure blonde, un teint blanc & une phyfionomie agréa

ble.

Les loix de ces peuples feptentrionaux n'étoient point com. me les loix Romaines, chargées d'un détail pointilleux, fujettes à mille changemens divers, & fi nombreufes qu'elles échappent à la mémoire la plus étendue. Elles étoient invariables,

fimples, courtes,

claires, femblables aux ordres d'un pere de famille. Auffi le code de Théodoric prévalut-il en Gaule fur celui de Théodofe; & Charlemagne transporta dans fes capitulaires plufieurs articles des loix des Visigoths. Les loix des Goths fonderent le droit d'Efpagne; elles en furent la fource. Celles des Lombards ont fervi de bafe aux conftitutions de Frederic II, pour le royau me de Naples & de Sicile. La jurisprudence des fiefs en ufage parmi tant de nations, doit fon origine aux coûtumes des Lombards; & l'Angleterre fe gouverne encore par les loix des Normands. Tous les habitans des côtes de l'Océan ont adop+ té le droit maritime établi dans l'ile de Gotland, & en ont compofé un droit des gens. La forme même de la législation chez les Goths communiquoit à leurs loix une folidité inébranlable. Elles étoient difcutées par le Prince & par les principaux perfonnages de tous les ordres; rien n'échappoit à tant de regards pénétrans; on pratiquoit avec zele & avec conftance ce que le confente ment commun avoit établi,

Pour les charges publiques, ces peuples ne connoiffoient point les titres purement honorifiques & fans fonction; chez eux tout étoit en action. Dans toutes les villes & jufque dans les bourgs, étoient des Magiftrats choifis par le fuffrage du peuple, qui rendoient la jufti

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ce, & faifoient la répartition des tributs. Chacun fe marioit dans fon ordre; un homme libre ne pouvoit époufer une femme de condition fervile, ni un noble une roturière. Les femmes

n'apportoient pour dot que la chafteté & la fécondité. Toute propriété étoit entre les mains des mâles, qui étoient le fous tien de la patrie. Il n'étoit pas permis à une femme d'époufer un mari plus jeune qu'elle. Les parens avoient la tutele des mineurs; mais, le premier tuteur étoit le Prince. Les tranfports de propriété, les engagemens, les teftamens fe faifoient en préfence des Magiftrats, & à la vue du peuple; les conventions appuyées de tant de témoins en étoient plus authentiques; & le public étant inftruit de ce qui appartenoit de droit à cha cun, il ne reftoit plus de lieu aux chicanes au ftellionat " aux prétentions frauduleuses. Les affaires s'expédioient fans longueurs & fans frais. Pour arrêter la témérité des plaideurs, on les obligeoir de configner des gages. Le fang des citoyens étoit précieux; on ne le répandoit que pour les grands crimes; les autres s'expioient par argent ou par la perte de la liberté, Le criminel étoit jugé fans appel par fes pairs. Mais, une coûtume vraiment barbare, & qu'ils ont enfuite répandue par toute l'Europe, c'est que certaines caufes ambigues étoient décidées par le duel.

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L'adultère étoit puni de la

peine la plus févere; la femme coupable étoit livrée à son mari qui devenoit maître de fa vie. Les enfans nés d'un crime n'étoient admis ni au fervice militaire, ni à la fonction de Juges, ni reçus en témoignage. Une yeuve avoit le tiers des biensfonds du défunt, fi elle ne fe remarioit pas; autrement elle n'emportoit que le tiers des meubles. Si elle fe déclaroit enceinte, on lui donnoit des gardes ; & l'enfant né dix mois après la mort du pere, étoit cenfé illégitime. Celui qui avoit débauché une fille, étoit obligé de l'époufer, fi la condition étoit égale; finon il falloit qu'il da dotât; car, une fille déshonorée, ne pouvoit fe marier fans dot; s'il ne pouvoit la doter, on le faifoit mourir. Ils regardoient la pureté des mœurs comme le privilege de leur nation. Ils en étoient fi jaloux, que, felon un Auteur de ces tems-là, puniffant la fornication dans leurs compatriotes, ils la pardonnoient aux Romains, comme à des hommes foibles & incapables d'atteindre au même degré de vertu.a

GOUT, Guftus, Turic. Ce fens admirable, ce don de difcerner nos alimens, a produit dans toutes les langues connues, la métaphore qui exprime par le mot Goût, le fentiment des beautés & des défauts dans tous les arts; c'eft un difcernement prompt comme celui de la lan. gue & du palais, & qui prévient comme lui la réflexion; il eft

comme lui fenfible & voluptueux à l'égard du bon; il réjette comme lui le mauvais avec foulevement ; il est fouvent comme lui, incertain & égaré, ignorant même fi ce qu'on lui préfente doit lui plaire, & ayant quelquefois befoin comme lui d'habitude pour fe for

mer.

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Il ne fuffit pas pour le Goût, de voir, de connoître la beauté d'un ouvrage, il faut la fentir en être touché. Il ne fuffit pas de fentir, d'être touché d'une manière confufe, il faut démê→ ler les différentes nuances; rien ne doit échapper à la promptitude du difcernement; & c'est encore une reffemblance de ce Goût intellectuel, de ce Goût des arts, avec le Goût fenfuel; car, fi le gourmet fent & reconnoît promptement le mêlan ge de deux liqueurs, l'homme de Goût, le connoiffeur, verra d'un coup d'œil prompt le mêlange de deux ftyles; il verra un défaut à côté d'un agrément; il fera faifi d'enthoufiafme à ce vers des Horaces: Que vouliezvous qu'il fit contre trois? qu'il mourút. Il fentira un dégoût involontaire au vers fuivant: Ou qu'un beau désespoir alors le fecourût.

Comme le mauvais Goût au phyfique confifte à n'être flatté que par des affaisonnemens trop piquans & trop recherchés, auffi le mauvais Goût dans les arts, eft de ne fe plaire qu'aux ornemens étudiés, & de ne pas fentir la belle nature,

Le Goût dépravé dans les alimens, eft de choisir ceux qui dégoûtent les autres hommes; c'eft une espèce de maladie. Le goût dépravé dans les arts, eft de fe plaire à des fujets qui révoltent les efprits bienfaits; de préférer le burlesque au noble, le précieux & l'affecté au beau fimple & naturel; c'est une maladie de l'efprit. On fe forme le Goût des arts beaucoup plus que le Goût fenfuel; car, dans le Goût phyfique, quoiqu'on finiffe quelquefois par aimer les chofes pour lefquelles on avoit d'abord de la répugnance, cependant la nature n'a pas voulu que les hommes en général appriffent à fentir ce qui leur est nécessaire; mais, le Goût intellectuel demande plus de tems pour fe former. Un jeune homme fenfible, mais fans aucune connoiffance, ne diftingue point d'abord les parties d'un grand chœur de mufique; fes yeux ne diftinguent point d'abord dans un tableau, les dégradations, le clair obfcur, la perfpective, l'accord des couleurs, la correction du deffein; mais, peu à peu, fes oreilles apprennent à entendre, & fes yeux à voir; il fera ému à la première repréfentation qu'il verra d'une belle tragé die; mais, il n'y démêlera ni le mérite des unités, ni cet art délicat par lequel aucun perfonnage n'entre ni ne fort fans raifon, ni cet art encore plus grand qui concentre des intérêts divers dans un feul, ni enfin les

autres difficultés furmontées. Ce n'eft qu'avec de l'habitude & des réflexions, qu'il parvient à fentir tout d'un coup avec plaifir ce qu'il ne démêloit pas auparavant. Le Goût fe forme infenfiblement dans une nation qui n'en avoit pas, parce qu'on y prend peu à peu l'efprit des bons artistes. On s'accoûtume à voir des tableaux avec les yeux de Lebrun, du Pouffin de le Sueur. On entend la dé clamation notée des fcenes de

Quinaut vec l'oreille de Lulli; & les airs, les fymphonies, avec celles de Rameau. On lit les livres avec l'esprit des bons Auteurs.

à

Si toute une nation s'eft réunie dans les premiers tems de la culture des beaux arts, aimer des Auteurs pleins de dé fauts, & méprifés avec le tems, c'eft que ces Auteurs avoient des beautés naturelles que tout le monde fentoit, & qu'on n'étoit pas encore à portée de démêler leurs imperfections; ainfi, Lucilius fut chéri des Romains, avant qu'Horace l'eût fait oublier; Regnier fut goûté des François avant que Boileau parût; & fi des Auteurs anciens qui bronchent à chaque page, ont pourtant confervé leur grande réputation, c'est qu'il ne s'eft point trouvé d'écrivain pur & châtié chez ces nations , qui leur ait deffilé leurs yeux, comme il s'eft trouvé un Horace chez les Romains, un Boileau chez les François.

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On dit qu'il ne faut poins

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