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la paix à Charles VII. Suffolk s'applaudit des conventions qu'il a faites avec Marguerite: « Marguerite sera reine, et gou>> vernera le roi, et moi je gouvernerai la reine, le roi et le » royaume. » La Pucelle prisonnière, est amenée devant ses juges, et condamnée au feu comme sorcière.

Les événements de cette pièce, qui comprennent une période de trente ans, y sont amenés avec peu d'égard pour l'exactitude historique. Lord Talbot, que l'auteur a tué à la fin du quatrième acte, ne le fut réellement que le 13 juillet 1453. La seconde partie de Henri VI commence au mariage du roi, célébré en 1445.

La première Partie se rapporte aux guerres de France qui suivirent la mort de Henri V, et à l'histoire de Jeanne d'Arc; celle-ci y est presque aussi indignement traitée que dans la Pucelle de Voltaire.

Mais le caractère de l'héroïne française, tel qu'il est peint dans ce drame, ne saurait être attribué à Shakspeare; .car Jeanne est représentée suivant les traditions vulgaires d'Angleterre, comme une demi-sorcière, une demi-enthousiaste, enfin comme corrompue par le plaisir et l'ambition; portrait, dans lequel la vérité historique, la justice et le sens commun sont également violés. Schiller a noblement traité ce caractère; mais, en faisant Jeanne esclave de la passion et victime de l'amour, au lieu de la rendre victime du patriotisme, il a commis une grande erreur de jugement et de sentiment, et l'on ne saurait adopter sa défense, quoique entreprise par madame de Staël même. Il n'avait aucune raison pour s'écarter de la vérité des choses, de la dignité et de la pureté du caractère de Jeanne, jeune enthousiaste, que recommandent également ses rêveries religieuses, sa simplicité, son héroïsme, sa mélancolie, sa sensibilité, son courage, et sa conduite féminine, qui la trahit même dans ses exploits. En effet, quoiqu'elle ait souvent conduit l'avant-garde au combat, et qu'elle n'ait jamais reculé, quoique la mort l'ait souvent environnée, elle ne teignit point de sang son épée consacrée. Cette héroïne et martyre, sur les derniers moments de laquelle nous versons des larmes brûlantes de pitié et d'indignation, a également eu le malheur d'être célébrée en France, par Chapelain, en vers qu'on ne lit plus, et d'être ridiculisée, par Voltaire, en vers trop indignes d'un si beau sujet. Il était réservé à un poëte anglais de l'époque (Southey) de

peindre dignement cette victime du fanatisme, et l'on pourrait ajouter de l'amour propre humilié de ses compatriotes.

L'inexactitude des détails historiques n'affectent que trèsfaiblement les lecteurs superficiels; elle ne diminue pas le plaisir que leur fait éprouver le récit de la scène. La poésie s'adresse aux passions; et l'imagination, en vraie magicienne, lui prête ses charmes les plus puissants, soit pour les exciter, soit pour les dompter. Il est beaucoup de lecteurs qui ne connaissent les grands événemens de l'histoire que par le drame ou le roman: il est souvent difficile d'effacer de leur mémoire des impressions qui altèrent la vérité historique. Un héros ou un scélérat, vus dans leur vie privée, perdent souvent une portion de l'éclat ou de l'horreur qu'ils inspirent. Il est donc important de séparer la vérité de la fiction dans les productions de Shakspeare, surtout dans les pièces historiques, où il a déployé ses talents transcendants.

Talbot est une esquisse magnifique. Le portrait de ce guerrier présente à la fois une figure formidable et monumentale. La scène dans laquelle il visite la comtesse d'Auvergne, qui cherche à le surprendre, est très-animée ; la description qu'il fait du traitement qu'il a éprouvé, pendant qu'il était prisonnier des Français, n'est pas moins remarquable. Il en est de même de la belle scène entre Talbot et son fils, auprès de Bordeaux.

Talbot.- Jeune Talbot! je t'ai demandé pour te servir de maître dans l'art de la guerre, afin que le nom de Talbot puisse revivre en toi, quand les glaces de l'âge condamneront ton père au repos. Mais, o fatale étoile, destin envieux, tu es venu aujourd'hui pour une fête de mort, pour un terrible et inévitable péril. Cher enfant! remonte sur le plus léger de tes chevaux ; je t'enseignerai le moyen d'y échapper par une prompte fuite; allons, ne diffère plus, pars.

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Jean Talbot. - Talbot n'est-il pas mon nom? ne suis-je pas votre fils? et je fuierais! ah! si vous aimez ma mère, ne déshonorez pas sa réputation, en faisant de moi un bâtard et un infâme; l'univers dirait : Il n'est point le fils de Talbot, celui qui a fui lâchement quand son noble père est resté.

Talb. Fuis, pour venger ma mort, si je suis tué.
Qui fuit le combat, ne le cherchera jamais.

J. Talb.

Talb. mourir.

Si nous restons tous deux, nous sommes sûrs de

J. Talb.-Eh bien ! laissez-moi seul ici, et, vous mon père, sauvez-vous. Votre mort serait une perte immense, tandis que mon mérite étant inconnu, en me perdant on ignore ce qu'on perd; les Français tireront peu de gloire de mon trépas, ils seraient fiers du vôtre; avec vous s'évanouissent toutes nos espérances, et la fuite ne peut ternir la gloire que vous avez acquise elle me déshonorerait; car je ne me suis encore signalé par aucun exploit, au lieu qu'on pourra affirmer que si vous avez fui, c'était pour vaincre un jour. Quant à moi, si je recule, on dira que c'est de peur, et que l'on ne saurait croire que je tinsse ferme sur le champ de bataille, puisque je me sauve au premier danger.Mon père, c'est à vos genoux que je demande la mort, plutôt qu'une vie conservée par l'infamie.

Talb. Quoi! toutes les espérances de ta mère avec toi descendront au tombeau?

J. Talb.

porté.

Talb.
J. Talb.

Talb.

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Oui, plutôt que de déshonorer le sein qui m'a

Par ma bénédiction, je t'ordonne de partir.

--

. Pour combattre l'ennemi, mais non pour le fuir. Tu peux sauver en toi une partie de ton père.

J. Talb.-Je ne sauverais de mon père rien que je ne désho

norasse.

Talb.

la perdre.

N'ayant encore acquis aucune gloire, tu ne saurais

J. Talb. Et votre glorieux nom, irai-je le flétrir en fuyant? Talb. L'ordre de ton père t'absoudra du reproche.

J. Talb.

Pourrez-vous rendre témoignage pour moi, quand vous ne serez plus? Si la mort est inévitable, fuyons ensemble. Talb.

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-

Que je laisse mes compagnons d'armes combattre et mourir ! jamais, une telle honte ne souillera ma vieillesse. J. Talb. Et ma jeunesse n'en serait-elle pas souillée ? non, il n'est pas plus possible de séparer votre fils de vous, que vous ne pouvez vous séparer de vous-même; restez, fuyez je veux vous imiter en tout; et, si mon père meurt, je saurai mourir avec lui.

Talb. Mon noble fils, tu es né pour voir ta vie s'éteindre avant la fin de ce jour; allons vivre et mourir, l'un à côté de l'autre, et que nos deux ames inséparables s'envolent vers le ciel.

Talbot, après avoir loué la valeur de son fils dans le combat, s'écrie:

« Dis-moi, unique souci de ton père, n'es-tu pas fatigué? comment te trouves-tu, mon enfant? veux-tu quitter ce champ de bataille et te sauver, maintenant que te voilà dignement reçu chevalier? fuis, pour venger ma mort, quand je ne serai plus; le secours d'un homme est peu de chose pour moi, et c'est trop de folie, que de hasarder tous deux notre vie sur une seule et chétive barque. Si je ne tombe pas aujourd'hui sous les coups des Français, je mourrai demain de vieillesse ; ils ne gagnent rien par ma mort; en restant ici, je n'abrège ma vie que d'un jour; mais en toi mourront ta mère, le rejeton, le nom de notre famille, ma vengeance, ta jeunesse, et la gloire de l'Angleterre. Voilà, si tu restes, tout ce que nous hasardons, et bien plus encore; voilà, si tu veux fuir, tout ce qui sera sauvé.

J. Talb. — L'épée d'Orléans ne m'a fait aucun mal, mais vos paroles font saigner mon cœur; quel avantage retirerai-je d'un tel opprobre, que célui de traîner une vie misérable, et de sacrifier une éclatante renommée? Avant que le jeune Talbot fuie loin de son vieux père, que le lâche coursier qui me porte tombe, meure et me laisse à pied, comme de vils paysans, en butte aux mépris, en proie à tous les malheurs ! Oui, par toute la gloire que vous avez acquise, si je fuis, je ne suis pas votre fils; ne me parlez donc plus de fuite; car, je le dis encore, si je suis le fils de Talbot, je dois mourir aux pieds de mon père.

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Talb. Eh bien! suis donc un père au désespoir..... Ta vie m'est bien chère; puisque tu veux combattre, combats à côté de moi, et, après que tu te seras illustré, mourons tous deux fièrement. »

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Marguerite d'Anjou, conduite par Suffolk, arrive en Angleterre, le roi l'épouse, quoique ce mariage lui fasse perdre l'Anjou et le Maine; le duc de Glocester en témoigne son mécontentement, ainsi que Salisbury, Warwick et le duc d'York; d'un autre côté, le cardinal de Beaufort, toujours aigri contre Glocester, leur insinue qu'il ne condamne cette alliance que parce qu'elle le prive de l'espoir du trône auquel il aspire. En conséquence, il se ligue avec Suffolk, Sommerset, et Buckingham, pour le forcer à abdiquer le protectorat du royaume, tandis que le duc d'York fait cause commune avec Salisbury et Warwick, pour s'opposer aux projets ambitieux du cardinal, de Suffolk et de Sommerset. Mais le but du duc d'York est de fomenter des troubles pour s'ouvrir un chemin au trône; la reine, dirigée par Suffolk qu'elle aime, entre dans le complot des ennemis du protecteur. On l'accuse d'abord sans succès auprès du roi, mais l'on finit par le lui rendre suspect. Une magicienne, que la duchesse de Glocester consulte, est gagnée par les ennemis du duc. La duchesse est condamnée à faire amende honorable publiquement. Son mari accusé de toutes parts est dépossédé du protectorat, et livré à la garde de Suffolk, qui le fait étrangler secrètement. Henri, touché du sort de son oncle, exile le meurtrier, malgré les supplications de la reine. Le duc d' York, choisi pour marcher contre les Irlandais, profite de cette occasion pour faire valoir ses droits au trône, et met en avant un imposteur, sous le nom de Mortimer, afin de voir l'effet que ce nom pourra produire sur l'esprit des Anglais; ce faux Mortimer soulève la province de Kent, et porte la terreur jusque dans Londres. Le duc d'York lève alors l'étendard de la révolte, revient en Angle

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