網頁圖片
PDF
ePub 版

tions du travail, selon le temps, la qualité et la quantité. Mais le travail lui-même ne prend-il pas sa valeur de l'utilité qu'il a, naturellement, pour le travailleur? Sa fin, c'est de subvenir aux besoins légitimes de l'ouvrier et de ceux dont il a personnellement la charge, comme époux et comme père. C'est sa qualité naturelle de moyen d'existence qui fait la valeur du travail, comme celle du produit de ce travail. Voilà ce que les disciples de Marx ne voient pas; et cette doctrine, pensons-nous, peut arriver,si on la creuse à fond, à fournir une solution satisfaisante et complète de ce redoutable problème de la valeur. Elle montrerait aussi l'intime connexion qu'il y a entre les principes de la justice sur le salaire, et la vraie notion de la valeur. En matière sociale et économique, l'homme est la mesure de tout: c'est aux exigences de sa nature que les institutions et les conventions de l'atelier ou du marché doivent s'adapter.

M.-B. S.

PAUL LAPEYRE L'Education chrétienne, l'ordre social et les vocations ecclésiastiques. — (Le XX Siècle, juillet-août, 1898).

Le fait de la diminution numérique des vocations ecclésiastiques, depuis longtemps constaté en France, se ramène, selon M. Lapeyre, à une cause principale : « Les vocations ecclésiastiques ont diminué parce que la << vie chrétienne a diminué dans la société... L'esprit public est saturé « d'idées païennes; les mœurs se sont déplorablement corrompues; les <<< conditions sociales sont un piège perpétuellement tendu aux vertus << individuelles... Dans un milieu si réfractaire ou tout au moins si étran<«<ger aux idées, aux sentiments, aux manières d'être qui doivent com«poser la France de la vie sacerdotale, comment les vocations pourraient« elles naître et se développor? ». Ces constatations ne nous semblent que trop vraies; mais cependant, « les conditions sociales », sans exception et toutes prises en bloc sont-elles, comme dit l'auteur, « un piège perpétuelle« ment tendu aux vertus individuelles? » C'est fortement exagéré. Plus juste est cette autre idée : « C'est en vain que l'on voudrait parer par des «moyens artificiels à cette insuffisance du nombre des vocations. >> M. Lapeyre n'attend pas grand chose de bon des enfants élevés en serre chaude dès leur bas âge; il insiste fortement sur ce principe que c'est la famille chrétienne où doivent germer les vocations, où elles doivent commencer de grandir. Des enfants séquestrés du monde pour se préparer au ministère sacerdotal ne comprendront ni l'âme ni la langue de leurs

ouailles. Ils entreront dans le ministère avec tous les dangers de l'inexpérience la plus absolue. D'où M. Lapeyre conclut à la nécessité de reprendre par la base l'œuvre du recrutement sacerdotal, c'est-à-dire à la nécessité de ranimer l'esprit chrétien dans la vie de famille.

Comment y arrivera-t-on ? C'est aux prêtres et aux éducateurs religieux de faire comprendre aux âmes les devoirs de justice et de charité qui obligent envers le bien commun tout homme doté d'une supériorité quelconque art, lettres, sciences, piété. Il faut devancer l'erreur de cette conception individualiste de la Religion qui borne ses vues au soin égoïste du salut individuel. Il faut que tout chrétien s'occupe, selon son rang, du bien et du salut des autres. Dans un milieu chrétien qui a oublié ce but social du christianisme, les vocations de dévouement ne se développent pas; il ne se forme même pas cette aristocratie naturelle d'hommes consacrés au bien commun dont les affaires industrielles comme les affaires publiques ont besoin. « Pour conclure, si l'on veut accroître le <«< nombre et la qualité des prêtres, il faut réformer l'éducation libérale et « lui donner pour base l'esprit de sacrifice en lui assignant pour but la <«< formation d'une classe vouée au bien public en général et aux malheu<< reux en particulier ».

LE GÉRANT: P. SERTILLANGES.

PARIS. - IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17.

SUR LES SUEURS DE SANG

PAR

MAURICE ARTHUS

professeur de physiologie à l'Université de Fribourg (Suisse)

ET LE

Dr VICTOR CHANSON

(de Paris).

L'étrange phénomène des sueurs rouges, des sueurs de sang, a été signalé à plusieurs reprises depuis l'antiquité: Aristote en rapporte déjà des cas, dans son histoire des animaux. Au dire des témoins plus ou moins compétents qui les auraient constatées, les sueurs de sang apparaîtraient à la surface de la peau, dans certaines régions du corps, chez certains individus, sous forme d'une rosée sanglante plus ou moins abondante, plus ou moins étendue.

Certains médecins sont sceptiques à l'égard de ces sueurs de sang et les considèrent comme des fables admises sur la simple foi de la tradition. Les auteurs du Compendium disent notamment: il ne faut admettre qu'avec réserve les faits 'cités par les auteurs anciens et même par quelques modernes ; il est difficile de croire que le sang puisse sortir avec la sueur, lorsque la peau n'est le siège d'aucune espèce de lésion. Ce qui semble justifier, dans une certaine mesure ce scepticisme, c'est que la plupart des observations de sueurs de sang, rapportées par les auteurs, ont été prises sur des femmes hystériques, et l'on sait avec quel art, avec quelle persévérance, ces malades peuvent tromper l'observateur le plus attentif et le plus scrupuleux.

Pour d'autres personnes, les sueurs de sang ne sont point des fables; on en peut citer des cas authentiques, indiscutables;

[blocks in formation]

mais ces mêmes personnes, incapables d'en connaître le mécanisme, ont tendance à les considérer comme des manifestations d'une intervention surnaturelle. Les sueurs de sang, disent-elles, sont inexplicables par la physiologie; sont antiphysiologiques, pourrait-on dire; leur cause n'est pas physiologique.

Nous nous proposons, dans ce mémoire, de combattre ces deux opinions. Nous démontrerons qu'il y a des cas indiscutables de sueurs de sang; nous rattacherons, pathologiquement et physiologiquement, les sueurs de sang à une série d'autres phénomènes d'ordre purement physiologique, et démontrerons par là que la cause n'est pas nécessairement surnaturelle.

Les cas de sueurs de sang signalés dans l'histoire sont nombreux, mais en général discutables, parce qu'ils n'ont pas été observés par des personnes compétentes, capables de déjouer la supercherie, capables de connaître la véritable nature du phénomène. Le D' J. Parrot, dans un remarquable mémoire publié dans la Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie en 1859, a réuni six observations authentiques et recueillies par des médecins du plus grand mérite et dans des conditions de sécurité absolue. Il faut lire ces observations pour comprendre ce qu'est le phénomène des sueurs de sang, ou hématidrose pour connaître les conditions ordinaires dans lesquelles il se produit, et les phénomènes divers qui peuvent l'accompagner. Nous reproduirons ces observations, en supprimant seulement les passages qui ne présentent pas d'intérêt pour notre démonstration.

1° Observation par M. J. Parrot.

Mme X... est née en 1832. A l'âge de sept mois, plusieurs doigts de la main droite furent envahis par des plaies strumeuses qui se cicatrisèrent après avoir été traitées pendant deux ans par Alibert. A six ans, il survint, et cela sans cause appréciable, des accès convulsifs, avec perte de connaissance, qui se reproduisaient deux ou trois fois par mois. Plus tard, les cicatrices de la main devinrent le siège d'une exsudation sanguinolente, se manifestant sans douleur et souvent sans cause appréciable.

Un jour, sous l'influence d'un chagrin violent, les larmes furent teintés par du sang. A partir de cette époque, l'hématidrose se montra indifféremment sur les genoux, les cuisses, la poitrine et le sillon des paupières inférieures...

La sueur de sang se montrait à des intervalles variables, quelquefois le sang inondait subitement la face, et, pour nous servir de l'expression des assistants, on croyait voir une femme assassinée.

Ces hémorrhagies n'étaient jamais un phénomène isolé; elles survenaient presque toujours consécutivement à une émotion morale et compliquaient une attaque nerveuse avec perte absolue du mouvement et de la sensibilité...

Au commencement de l'année 1858, Mme X. semblait aller mieux depuis plusieurs mois, lorsque son enfant fut atteint à quelque jours d'intervalle de deux affections graves; les veilles prolongées qu'elle s'imposa et surtout une agitation morale continuelle, altérèrent rapidement sa santé. L'appétit disparut complètement. Il y eut des vomissements...

Le 1er avril 1858, après une attaque avec perte de connaissance et exsudation de sang par la face, la malade ayant fait une chute qui l'effraya beaucoup fut obligée de prendre le lit. C'est à cette époque que j'ai été appelé à lui donner des soins.

Au moment où j'arrivai auprès d'elle, Mme X... était torturée

par des douleurs déchirantes qui se montraient alternativement à l'épigastre, aux régions inguinales et vulvaires, aux cuisses, à la tête et sur les parois du thorax. J'observai à diverses reprises des convulsions très variées et des exsudations de sang sur divers points du corps... Le 20 mai, la malade allait assez bien pour se rendre à la campagne.

Le 25, elle rentra à Paris; les règles étaient en retard de quelques jours et des élancements sillonnaient la région lombaire dans tous les sens. Vers 4 heures du soir, ils se montrèrent aux aines, aux cuisses, aux seins, à la tête, dans les hypochondres et au creux épigastrique; des inhalations de chloroforme les ayant momentanément dissipés, la malade eut trois attaques d'épilepsie. Puis, un point circonscrit du cuir chevelu étant devenu douloureux, j'y vis sourdre du sang qui se dessécha aussitôt.

Alors tous les paroxysmes névralgiques s'accompagnèrent d hématidrose au niveau des foyers de douleur. A diverses reprises, le sang s'échappe de la peau du front et forme comme une couronne autour de la racine des cheveux; dans le pli des paupières inférieures, il coule en quantité assez considérable pour qu'on puisse en recueillir plusieurs gouttes.

« 上一頁繼續 »