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cette route hors les murs de Rome (1). Il prouve que la voie d'Ostie antique suivait, jusqu'à la basilique de Saint-Paul, la même direction que la route actuelle; à l'endroit où s'élève Saint-Paul, elle déviait quelque peu dans une direction qui n'est pas encore complètement établie. Le tombeau de l'Apôtre des Gentils se trouve dans un terrain qui ne se prêtait absolument pas à l'établissement d'une catacombe; et le cimetière de Lucine, qui aurait existé dans ce lieu, doit être rayé de la liste des catacombes romaines du premier siècle de l'Eglise. Dans la colline située à gauche de la via Ostiense il y a un cimetière antique; mais il se trouve à une distance assez considérable du lieu de sépulture de saint Paul et forme une nécropole indépendante de celui-ci,le cimetière de Commodille. Deux des inscriptions chrétiennes de Rome les plus anciennes parmi celles qui sont munies d'une date précise (des années 107 et 111) proviendraient, d'après Boldetti, de cimetière du Lucine; mais on sait qu'il faut admettre avec la plus grande précaution les indications topographiques de Boldetti, et M. Stevenson croit que ces deux épitaphes ont été découvertes plus tôt dans la catacombe de Priscille ou dans un autre des cimetières les plus anciens de la capitale. Deux questions attendent encore leur solution définitive: Où passait exactement la via Ostiensis près de la petite basilique bâtie par Constantin le Grand sur le tombeau de saint Paul? Et ce tombeau lui-même se trouvait-il à droite ou à gauche de la voie d'Ostie? Des fouilles ultérieures pourront seules fournir les arguments pour y répondre.

Nous venons de nommer la catacombe de Commodille. Le R. P. Delehaye, S. J., de la Société des Bollandistes, a publié un article remarquable sur les saints Félix, Adauctus et Emerita dont le tombeau se trouvait dans cette catacombe, en examinant les actes qui racontent leur martyre (2). Un petit cimetière inconnu jusqu'ici a été retrouvé à peu de distance de Montelibretti, vers la XXIII pierre milliaire de la voie Salaria (3). On avait dressé vers la fin de l'époque de l'antiquité une liste des cimetières principaux de Rome avec indication des dénominations primitives, à côté de celles tirées des noms des martyrs les plus illustres qui y reposaient, et des routes antiques où se trouvaient les cimetières. M. de Rossi avait déjà relevé l'importance de ce catalogue, dont il avait trouvé des copies incomplètes dans quelques manuscrits. Un nouvel exemplaire découvert par M. Stevenson fournit à ce savant l'occasion de faire

(1) E. STEVENSON, Osservazioni sulla topografia della via Ostiense e sul cimitero ove fu sepolto l'apostolo S. Paolo (Nuovo Bullettino, III (1897), p. 283-321).

(2) DELEHAYE, Les saints du cimetière de Commodille (Analecta Bollandiana, XVI, 1897, fasc. I, p. 17 ss.).

(3) E. STEVENSON, Scoperta di un cimitero cristiano circa il XXIII miglia della via Salaria (Nuovo Bullettino, II (1896), p. 160 s.).

une étude de critique littéraire de ces catalogues qui sont tous mutilés et d'essayer la reconstruction de l'exemplaire original (1).

Dans l'Italie méridionale, le cimetière antique où avaient été enterrés les deux évêques-martyrs saint Castus de Sessa et saint Secundinus de Sinuessa, dont nous possédons la passio, a été retrouvé par D. Cos. Stornaiolo dans les environs de Sessa (2). Espérons que des fouilles systématiques nous fourniront des renseignements plus détaillés sur ce lieu de sépulture. - Depuis plusieurs années, les nécropoles chrétiennes antiques de Syracuse en Sicile sont explorées avec le plus grand succès. M. Orsi, le savant directeur du musée de Syracuse, dirige les fouilles régulières faites dans ces catacombes. Les résultats les plus récents de ces explorations nous sont communiqués par lui dans deux articles de la Roemische Quartalschrift (3). Dans le premier, l'auteur décrit les tombeaux déblayés dans la grande catacombe de saint Jean, dont la galerie principale creusée dans le tuf très dur du territoire de Syracuse a une largeur qui varie entre 250 et 4 mètres et une hauteur de 2m70. Il publie le texte de 93 épitaphes nouvelles, dont quelques-unes portent des dates consulaires du ve siècle. Relevons aussi l'antique acclamation Elph co! Ev Xpiot (Pax tibi in Christo) qui termine le texte d'une des inscriptions (Num. 29). Une autre (Num. 59) contient la belle prière : Moon cou & beds καὶ ὁ Χριστός καὶ τὸ ἅγειος Πνεῦμα (sic!), Memento tui Deus et Christus et Spiritus sanctus, l'un des rares textes de l'épigraphie chrétienne antique où nous trouvons réunis les noms des trois personnes de la très sainte Trinité. Les lettres suivantes sont rendues par l'auteur par les mots : Elpupwdís áÐávatos et il cherche à expliquer le sens du premier de ces mots. La lecture est fausse. Il faut y voir certainement les deux acclamations connues: Εὐ μοιροῖ. Οὐδεὶς ἀθάνατος. Qu'il soit heureux! Personne n'est immortel.

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Dans le second mémoire, M. Orsi décrit un groupe de petites catacombes, formées souvent d'une seule crypte avec ses tombeaux, qui sont dispersées sur le penchant méridional de la colline de l'Acradina, dans le voisinage du couvent des capucins. Un archéologue allemand, M. le professeur Jos. Führer, profita d'un séjour prolongé qu'il fit à deux reprises différentes en Sicile, pour étudier l'architecture et la décoration des grandes catacombes de Syracuse et pour chercher également dans le voisinage d'autres villes antiques de la Sicile les traces des

(1) E. STEVENSON, Di un nuovo insigne esemplare dell' antichissimo indice dei cemeteri cristiani di Roma (Nuovo Bullettino, III, ('897), p. 255-279).

(2) C. STORNAIOLO, Rapport présenté à la Société des conférences d'archéologie chrétienne (Nuovo Bullettino, III (1897), p. 140 s.).

(3) P. ORSI, Gli scavi a S. Giovanni di Siracusa nel 1895 (Ramische Quartalschrift, 1896, p. 1-59). — Di alcuni ipogei cristiani a Sirocusa (Ibid. 1897, p. 475-495).

anciens lieux de sépulture des chrétiens. M. Führer vient de publier les résultats de ses études sur les catacombes de Syracuse (1); son ouvrage est la description la plus exacte et la plus complète de ces nécropoles que nous possédions jusqu'ici. Dans l'introduction, l'auteur parle brièvement des nombreuses petites catacombes qu'il a explorées. Puis il s'occupe exclusivement des trois nécropoles principales de Syracuse: San Giovanni, S. Maria di Gesù et Cassia, donnant d'abord une description détaillée de l'architecture des différentes parties, par laquelle nous apprenons à connaître exactement les particularités dans la construction des galeries et des cryptes, qui montrent des dimensions qu'on ne rencontre nulle part ailleurs. Cette étude a fourni également les éléments nécessaires pour fixer les rapports chronologiques des différentes catacombes. Les parties les plus anciennes se rencontrent dans la nécropole de S. Maria di Gesù; elles remontent à la seconde moitié du 1° siècle. L'origine de la grande catacombe de San Giovanni et de la nécropole Cassia date du milieu ou de la première moitié du Iv° siècle; en tous cas, ces deux cimetières ne sont pas antérieurs à l'époque de Constantin le Grand. Parmi les fresques qui sont conservées dans ces catacombes, relevons deux scènes qui représentent les défuntes Marcia et Deodata (ou Adeodata) reçues dans la gloire céleste par Jésus-Christ assisté des deux apôtres saint Pierre et saint Paul (2). Puis une peinture unique jusqu'ici dans son genre la figure d'un homme assis, tenant de la main gauche la palme, de la main droite un calice rempli en partie de vin rouge, tandis qu'un peu au-dessus du calice on voit un pain de forme arrondie. L'auteur y reconnaît N.-S. Jésus-Christ portant les éléments eucharistiques et le symbole de la victoire du chrétien dans le combat contre les ennemis de son salut. - Les chapitres suivants sont consacrés à l'étude des sculptures, des épitaphes et des petits objets très variés qui ont été trouvés dans les tombeaux des cimetières. Deux plans et un grand nombre de planches reproduisant des peintures ou des vues de différentes parties de l'intérieur des galeries et des cryptes augmentent encore la valeur de cet ouvrage important. Un troisième jeune savant s'occupe encore d'une façon particulière des monuments archéologiques de la Sicile, c'est M. l'abbé Vincenzo Strazzulla. Nous lui devons, en dehors de quelques articles de revue que

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(1) J. FUHRER, Forschungen zur Sicilia sotterranea. Mit Plænen, Sektionen und andern Tafeln. Aus den Abhandlungen der k. bayer. Akademie der Wissenschaften, München, 1897.

(2) Le tombeau de la vierge Deodata avait déjà été décrit par M. FUHRER dans une petite monographie: Eine wichtige Grabstätte der Katakombe von S. Giovanni bei Syrakus. München 1896. Mit einem Nachtrag. — L'auteur voit dans la défunte une sainte honorée d'un culte officiel; je ne crois pas qu'on puisse tirer cette conclusion du texte de l'épitaphe.

nous citerons plus bas, un compte rendu général des découvertes faites à l'occasion des fouilles qui ont été exécutés pendant les dernières années dans les cimetières chrétiens de la Sicile (1).

(La fin au prochain numéro.)

J. P. KIRSCH,

Prof. à Fribourg (Suisse).

(1) V. STRAZZULLA, Dei recenti scavi eseguiti nei cimiteri cristiani della Sicilia con studi e raffronti archeologici. Palermo, 1896.

LA VIE SCIENTIFIQUE

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES

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D. NYS. La notion du temps d'après les principes
de saint Thomas d'Aquin.

Voici une nouvelle et brillante manifestation de l'activité dont fait preuve l'Institut supérieur de philosophie, annexé à l'Université de Louvain. M. le professeur Nys, très favorablement connu déjà par ses travaux sur l'hylémorphisme, aborde ici le problème si compliqué du temps. Inutile de dire qu'il le traite avec la pénétration et l'ampleur qui caractérisent ses autres écrits.

Le premier chapitre établit la nature du temps. On y trouve l'entière et subtile justification de la définition traditionnelle: Tempus est numerus motûs secundum prius et posterius. Par une exégèse savante, le professeur Nys précise le sens de cette formule et trouve le moyen, à propos de ces vieilles doctrines, d'émettre des idées neuves et des vues originales.

A mon sens, bien que le premier chapitre soit peut-être le plus important parce qu'il est le plus fondamental, le deuxième offre le plus grand intérêt. On y trouve discutées à fond et expliquées clairement les propriétés du temps. L'article 3 et l'article 5 méritent, ce me semble, une attention spéciale. Dans l'article 3 on trouve une réfutation solide et définitive de la « Réversibilité du Temps ». On n'ignore pas que cette prétendue réversibilité a éloigné d'excellents esprits de la notion thomiste du temps. Il a suffi à M. Nys de préciser les idées pour démontrer à l'évidence que la réversion de tous les mouvements de l'univers ne renverserait nullement le cours du temps. Cette étude était à faire et l'on saura gré à M. Nys de l'avoir faite si brillamment.

L'intérêt de l'article 5 se concentre sur cette question toujours ouverte, toujours discutée Le temps a-t-il commencé? De fait, le temps a commencé, répond le savant auteur, mais personne ne saurait le démontrer par la raison. Il soutient que, de toute éternité, Dieu pouvait créer non seulement une créaturpirituelle avec une puissance en acte, mais encore le monde actuel soumis à toutes les variations qu'on y observe. Au moins il n'est point possible de démontrer le contraire. Même le nombre actuel

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