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en Dieu, est le même que celui qui en a démontré l'immutabilité. Pourquoi la connaissance propre à Dieu est-elle immuable, sinon parce qu'elle s'identifie avec l'être divin? Mais l'être divin n'est pas seulement immuable, il est aussi nécessaire, et le savoir qui s'identifie avec lui revêt ce caractère.

Saint Thomas remarque avec raison que toute connaissance prend, où elle se trouve, le mode d'être propre au sujet. Chez l'homme, par exemple, les objets inférieurs à sa nature, acquièrent, dans la connaissance qu'il en prend, une manière d'être plus noble que celle qu'ils en ont eux-mêmes: une pierre est dans l'esprit qui la connaît à un état plus noble que celui qu'elle possède en elle-même. C'est tout le contraire pour les êtres qui nous sont supérieurs; ils sont dans notre connaissance amenés à un état moins parfait qu'en eux-mêmes. L'être infini sera toujours diminué dans les intelligences dérivées qui en prennent connaissance. Il n'y a donc pas à s'étonner de ce que la connaissance des contingents est en Dieu, non à l'état de contingence, bien qu'elle porte sur des objets contingents, mais à l'état nécessaire comme l'être qui la possède. « Il est manifeste, dit saint Thomas, que les contingents sont infailliblement connus de Dieu en tant que toujours présents à son regard, bien que comparés à leurs causes, ils soient futurs et contingents. » Revenant ensuite à la loi de la connaissance, il ajoute : « Autre est l'être qu'un objet possède en lui-même, et autre celui qu'il possède dans l'âme..... De même quand je dis si Dieu l'a prévu, cela arrivera; la conséquence doit se rapporter à la science divine qui contemple le fait en lui-même; et cette conséquence est aussi nécessaire que son antécédent : puisqu'il est nécessaire qu'une chose soit, étant donné qu'elle est, comme il est dit au livre 1er du Peri Hermenias (1).

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(1) « Manifestum est quod contingentia et infallibiliter a Deo cognoscuntur, in quantum subduntur divino conspectui secundum suam 'præsentialitatem; et tamen sunt futura contingentia suis causis comparata. » (I, q. xiv, a. 13, c.)

Aliud enim est esse rei in seipsa, et esse rei in anima... Ut puta, si dicam : Si anima intelligit aliquid, illud est immateriale, intelligendum est, quod illud est immateriale, secundum quod est in intellectu, non secundum quod est in seipso. Et similiter, si dicam : Si Deus scivit aliquid, illud erit; consequens intelligendum est, prout subest divinæ scientiæ, scilicet prout est in sua præsentialitate; et sic necessarium est, sicut et antecedens; quia omne quod est, necesse est esse, ut dicitur in Io Per: Herm. « (Ibid. ad 2.)

L'imagination ne peut pas nous aider dans ces matières; il faut la laisser de côté. La raison sait, sans pouvoir se le représenter, que Dieu connaît tout ce qui est distinct de lui, et le connaît sans l'avoir appris, car il possède cette souveraine et universelle science, comme une propriété inhérente à son être et de même condition que cet être.

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ACCORD DE LA PRESCIENCE AVEC LA CONTINGENCE ET LA LIBERTÉ. - La connaissance que Dieu prend des êtres, ne change pas leur nature. « Gardons-nous de croire, dit Ammonius, que les événements que nous appelons contingents cessent de l'être, parce qu'ils sont connus des dieux. Puisque, par nature, ils sont contingents, indéterminés, ils se produiront conformément à leur nature, ce qui n'empêche pas les dieux de les connaître. Il y a deux choses d'une égale certitude: que les événements se produisent dans la nature qui leur est propre, et que les dieux n'en ont pas une connaissance indécise mais certaine (1).» « Le même futur, dit Boëce, considéré dans la science divine, est nécessaire, tandis que, en luimême, il peut être contingent et parfaitement libre. Il y a, en effet, deux sortes de nécessités : l'une absolue, telle la nécessité de mourir pour tous les hommes; l'autre conditionnelle si vous voycz, par exemple, quelqu'un marcher, il est nécessaire qu'il marche, car ce que l'on voit ne peut pas ne pas être quand on le voit. Mais la nécessité relative n'implique pas la nécessité absolue, ce n'est pas la nature des choses qui la constitue; c'est une supposition; rien ne force quelqu'un à marcher quand il marche, et cependant il est impossible qu'il ne marche pas, étant supposé qu'il marche (2).

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(1) Καὶ οὐ χρὴ νομίζειν ὅτι ἀναγκαίαν ἕξει τὴν ἔκβασιν ἅ λέγομεν ἐνδεχόμενα, διὰ τὸ ὑπὸ θεῶν γινώσκεσθαι ὡρισμένως· οὐ γὰρ διότι γινώσκουσιν αὐτὰ οἱ θεοὶ, διὰ τοῦτο ἀναγκαίως ἐκβήσεται· ἀλλ ̓ ἐπειδὴ φύσιν ἔχοντα ἐνδεχομένην, καὶ ἀμφίβολον, πέρας ἕξει πάντως ἢ τεῖον, ἢ τοῖον· διὰ τοῦτο τοὺς θεοὺς εἰδέναι ἀναγκαῖον ὅπως ἐκβήσεται· καὶ ἔστι τὸ αὐτὸ τῇ μὲν φύσει τῇ ἑαυτοῦ, ἐνδεχόμενον, τῇ δὲ γνώσει τῶν θεῶν, οὐκέτι ἀόριστον, ἀλλ ̓ ὡρισμένον. (In Peri Herm. Aristot.)

(2) « Idem futurum, cum ad divinam notionem refertur, necessarium; cum vero in sui natura perpenditur, liberum prorsus, atque absolutum videri. Duæ sunt enim necessitates, simplex una veluti quod necesse est omnes homines esse mortales: altera conditio nis

Cette distinction entre les deux nécessités nous fait voir qu'il n'y a pas antagonisme entre la prescieuce divine et la contingence des événements. Pour plus de clarté, ne parlons ici que de ce qui concerne la connaissance, laissant de côté ce qui a rapport à la volonté et à la puissance de Dieu, car la même difficulté se présente dans tout contact de Dieu avec ses créatures.

Puisque toute connaissance, pour être vraie, doit se conformer à son objet, il va de soi que la connaissance ne change pas la nature des choses. « En quoi notre liberté te semble-t-elle contrariée par la prescience divine, disait saint Augustin à son ami Evodius? Est-ce parce qu'il y a prescience, ou parce que c'est Dieu qui prévoit ? C'est plutôt, dit Evodius, parce que c'est Dieu qui prévoit. » Saint Augustin n'a pas de peine à montrer que la réponse n'est pas juste, et, mettant son ami en cause, il lui dit: «Eh quoi! si tu prévoyais qu'une personne va commettre une faute, ne serait-il pas inévitable qu'elle la commit! » - « Ce serait nécessaire, reprend Evodius, car ma prévision n'est possible que si elle porte sur un fait certain. » — « Ce n'est donc pas parce qu'il y a prescience de la part de Dieu, continue saint Augustin, qu'il est nécessaire que les choses arrivent, mais parce qu'il y a prescience de choses certaines, et il n'y a pas prescienae possible, si les choses ne sont pas certaines. >>

La prescience divine est incontestable; les raisons sur lesquelles elle repose sont évidentes; qu'il suffise de rappeler qu'en Dieu, il n'y a ni passé ni futur, tout est présent, d'une présence éternelle, et rien n'est violenté par cette connaissance. « De même, dit encore saint Augustin à Evodius, que ton souvenir ne modifie pas les événements passés, de même la prescience divine ne contrarie pas les événements à venir. Et si ton souvenir embrasse les choses que tu as faites, il porte encore sur beaucoup dont tu n'es pas l'auteur de même si Dieu prévoit tout ce qu'il fera, il ne fait pas tout ce qu'il prévoit (1). »

ut si aliquem ambulare scias, eum ambulare necesse est. Quod enim quisque novit, id esse aliter ac notum est, nequit. Sed hæc conditio minime secum illam simplicem trahit. Hanc enim necessitatem non propria facit natura, sed conditionis adjectio. Nulla enim necessitas cogit incedere voluntarie gradientem; quamvis eum tamen, cum graditur, inredere necessarium sit. » (De Consol., lib. V.)

(1) « A. Unde tibi videtur adversum esse liberum arbitrium nostrum præscientiæ Dei? quia præscientia est, an quia Dei præscientia est? E. Quia Dei potius. A. Quid ergo? si

Le fait prévu ne peut pas ne pas se produire, puisqu'il y a contradiction à dire qu'il est prévu et n'arrivera pas; la prévision ne peut en effet s'établir que sur la réalité du fait; mais le fait prévu se produira conformément à sa nature; il sera nécessaire, s'il est de sa nature d'être nécessaire, contingent, dans le cas contraire.

Tout ce qui se fait est contingent; tandis que tout ce qui est et ne se fait pas, ne peut être que nécessaire. La contingence n'entre pas dans l'être qui est par soi; elle n'apparaît que lorsqu'il y a des créatures. et elle s'étend à toutes ces dernières; aucune créature n'est nécessaire quand on la compare à Dieu. Mais il y a des nécessités relatives, et, parmi les effets créés et qui sont tous contingents comparés à l'être qui est par soi, les uns sont appelés nécessaires, quand ils sortent nécessairement de leurs causes, les autres contingents ou libres, quand ils en sortent d'une manière facultative. Dieu, dans sa prévision, embrasse tout l'ensemble des causes et des effets, sans que son regard en modifie la nature.

Fr. A. VILLARD,

des Frères Prêcheurs.

tu præscires peccaturum esse aliquem, non esset necesse ut peccaret? E. Imo necesse esset ut peccaret : non enim aliter esset præscientia mea, nisi certa præscirem. A. Non ergo quia Dei præscientia est, necesse est fieri quæ præscierit, sed tantummodo quia præscientia est; quæ si non certa prænoscit, utique nulla est... Sicut enim tu memoria tua non cogis facta esse quæ præterierunt; sic Deus præscientia sua non cogit facienda quæ futura sunt. Et sicut tu quædam quæ fecisti meministi, nec tamen quæ meministi omnia fecisti; ita Deus omnia quorum ipse auctor est præscit, nec tamen omnium quæ præscit, ipse auctor est. » (Lib. Arbit., lib. III, c. x et xI.)

BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE

Les occupations multiples dont l'auteur du Bulletin s'est vu chargé pour la préparation du Congrès scientifique, tenu à Fribourg du 16 au 20 août de l'année dernière, et la publication du compte rendu des travaux de cette assemblée, ont empêché la continuation de notre chronique d'archéologie chrétienne. Pour nous remettre au courant, nous allons donner un aperçu rapide du mouvement scientifique sur le champ de l'archéologie pendant les années 1896 et 1897, lesquelles, comme on le verra, ont été très fécondes en découvertes importantes et en travaux de haute valeur. Mais, avant d'entreprendre cette chronique, rappelons par quelques mots le souvenir du grand archéologue français que la mort a enlevé au milieu de ses travaux, M. Edmond Le Blant, décédé le 5 juillet 1897. Après le grand archéologue romain, M. J.-B. de Rossi, aucun savant de notre siècle n'a laissé à la postérité des travaux si nombreux et si importants sur les différentes parties de l'archéologie chrétienne que M. Le Blant. Il vouait de préférence ses recherches scientifiques aux monuments de ́sa patrie. Ses trois volumes des Inscriptions chrétiennes de la Gaule et ses deux volumes sur les Sarcophages chrétiens de la Gaule et de la ville d'Arles formeront pour toujours l'édition définitive de ces monuments de l'antiquité chrétienne sortis du sol de la Gaule romaine. En dehors de ces ouvrages fondamentaux, M. Le Blant se plaisait à rechercher les traces de rédaction ancienne dans les Actes des martyrs; son ouvrage qui porte ce titre et les mémoires réunis dans le volume Les persécuteurs et les martyrs aux premiers siècles de notre ère contiennent une foule d'observations judicieuses sur cette branche de la littérature si importante pour l'histoire des origines de l'Église. La haute renommée dont jouissait le savant défunt le faisait rechercher non seulement en France, mais aussi à Rome comme collaborateur des revues scientifiques; les mémoires très nombreux publiés par lui dans les revues les plus diverses ont un charme particulier non seulement à cause des sujets si variés qui y sont traités, mais encore et surtout à cause de la méthode scientifique si sûre dont ils témoignent et de la forme aimable dans laquelle les résultats sont présentés. Le Blant a fait école en France aussi bien par la direction

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