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Enfin, l'on oppose encore aux partisans de la non-universalité trois passages des épîtres de saint Pierre.

Le prince des Apôtres, Io, în, 19, 20, dit, en comparant la régénération par le baptême aux effets spirituels du déluge :

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<< In quo (spiritu) et his qui in carcerem erant spiritibus veniens prædicavit (Christus). Qui increduli fuerunt aliquando, quando expectabant Dei patientiam in diebus Noe, cum fabricaretur arca, in qua pauci, id est octo animæ, salvæ factæ sunt per arcam. » Saint Pierre dit encore, 11, 11, 4 et 5:

«Si enim Deus... originali mundo non pepercit, sed octavum Noe justitiæ præconem custodivit, diluvium mundo impiorum inducens.

Et, même épître, III, 5 et 6 :

< Latet enim eos, hoc volentes, quod cœli erant prius, et terra de aqua et per aquam consistens Dei verbo; Per quæ, ille tunc mundus aqua inundatus periit. >>

De ces différents textes, ceux de l'Ecclésiastique, de saint Mathieu et de la première de saint Pierre ne paraissent pas fournir une présomption bien forte en faveur de l'universalité. « Un reste, dit l'Ecclésiastique, fut laissé à la terre quand le déluge survint, » et cela à cause de la vertu, de la sainteté de Noé. Mais « la terre, »>< ici comme dans la Genèse, peut s'entendre du pays, de la contrée habitée par Noé. De même le tulit omnes de saint Mathieu s'explique sans difficulté par la totalité des habitants de la région. Et quant aux pauci id est octo animæ qui trouvèrent leur salut dans l'arche, en quoi infirmeraient-ils la possibilité de l'existence de populations lointaines, inconnues, qui auraient habité des parties du globe non atteintes par le cataclysme? Autant en peut-on dire de Noé sauvé huitième.

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Un peu plus probant semblerait, au premier abord, le mundus aqua inundatus periit. Mais ces expressions ne sont pas plus énergiques que toutes celles qu'emploie la Genèse. Elles le sont même moins. Omnis caro subter cælum, universa caro, - omnis substantia, universi homines en disent tout autant au moins que mundus; et il n'y a rien que de fort naturel à ce que saint Pierre, faisant allusion au récit diluvien de la Genèse, ait employé une expression analogue à celles qui y sont contenues.

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Reste le passage du Livre de la Sagesse cité en premier lieu.

Il a donné lieu à d'assez ardentes discussions.

L'Injuste auquel il est fait allusion n'est autre que Caïn. Or est-il admissible que la race de Seth ayant péri pour s'ètre alliée aux descendants de Caïn, ce soient précisément des restes de la race du fratricide qui aient échappé à la catastrophe? la race de celui « à cause duquel, propter quem, l'eau a inondé la

terre? >>

On peut répondre d'abord que rien ne prouve que des Caïnites seuls aient été préservés du fléau. D'ailleurs des peuplades caïnites, de même au surplus que des peuplades sethites ou issues des autres enfants d'Adam, avaient pu longtemps avant les événements qui avaient attiré la colère divine et motivé le déluge, se séparer du noyau principal de l'humanité : restées étrangères aux alliances réprouvées de Dieu comme à la corruption générale qui s'en était suivie, elles pouvaient ainsi avoir mérité de n'être pas comprises dans le châtiment du monde civilisé, du monde connu d'alors.

Mais il y a mieux. Le fameux propter quem, par lequel commence le verset 4 au chapitre X de la Sagesse, est contesté comme exactitude de traduction. C'est propter QUOD, '% et non d'öv, qu'il faudrait lire. Alors, au lieu du sens suivant : «< Lorsque, à cause de lui (de Caïn), l'eau inonda la terre, la Sagesse, etc.,» on aurait ce sens qui semble beaucoup plus naturel: C'est pourquoi, lorsque l'eau inonda la terre, la Sagesse, confiant le Juste à un bois vil, sauva de nouveau le monde. » D'après cette lecture, il ne serait pas établi que le déluge eut lieu « à cause de Caïn », mais seulement qu'il fut motivé par la perversité des hommes, quelle qu'ait été d'ailleurs la cause de celle-ci.

Du reste nous avons vu que, même avec la lecture propter quem, l'objection est loin d'être insoluble.

Une dernière difficulté, plus sérieuse que la précédente, a été développée par le R. P. Brucker, avec son talent habituel, dans l'ouvrage précité: Questions actuelles d'Ecriture Sainte. Elle se fonde sur le caractère ou la signification typique du déluge, et surtout de l'Arche qui est une figure de l'Église, hors de laquelle il n'est pas de salut spirituel, de même qu'il n'y eût pas de salut temporel pour les hommes non recueillis dans l'Arche. Si d'autres hommes que les huit personnes composant la famille de Noé avaient pu

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échapper aux eaux du déluge, il n'y aurait plus parité, similitude. parfaite entre le type et l'anti-type, et le dogme du salut par la seule Église serait compromis.

A cela il a été répondu assez péremptoirement, notamment par M. l'abbé Pelt, qu'il n'est point indispensable qu'il y ait une ressemblance parfaite entre le type et l'anti-type. On cite à l'appui l'exemple de Melchisedech, roi de Salem et prêtre du Très-Haut, qui est une figure de Jésus-Christ le véritable Grand-Prêtre : Tu es sacerdos in æternum secundum ordinem Melchisedech, dit le Psalmiste. Or le caractère figuratif de ce saint personnage ressort autant, peut-être plus encore, du silence que l'Écriture garde sur certaines circonstances de sa vie, que de ce qu'elle en rapporte par ailleurs : elle ne dit rien de son origine, de sa naissance, de sa mort, et cela suffit pour figurer l'origine divine et l'éternité du sacerdoce de Jésus-Christ. » Melchisedech, représenté sans père ni mère, est une image du fils de Dieu qui, dit saint Jean Chrysostome, n'avait ni mère au ciel ni père sur la terre : « οὔτε γὰρ ἐπί γῆς ἔχε πατέρα, οὔτε γὰρ ἐν οὐρανῷ μητέρα (1). »

En ce qui concerne l'Arche, elle ne cesse pas d'être la figure de l'Eglise, si, dit avec raison M. l'abbé Pelt, « dans la région submergée par le déluge, elle a été l'unique moyen de salut ».

Puis, il faut bien comprendre le sens de la formule célèbre : « Hors de l'Église, pas de salut. » Il y a une distinction très importante et qu'il ne faut pas perdre de vue, entre l'âme et le corps de l'Eglise. Or il suffit pour être sauvé d'appartenir à l'âme de l'Église. Appartenir seulement au corps de celle-ci sans appartenir à l'âme serait certainement insuffisant. Au sein de la catastrophe diluvienne, il y eut salut de l'âme pour tous ceux des inondés qui, reconnaissant leurs fautes et s'en repentant avant de mourir, implorèrent la miséricorde de Dieu (cf. saint Pierre, Io, chap, ш, 19, 20, cité plus haut).

Les anciens Pères disaient : « Pas de salut pour ceux qui, ayant connu l'Église, n'y sont pas entrés. » Dans l'hypothèse de la non-universalité, les populations lointaines depuis longtemps séparées de la souche primitive et que le déluge n'aurait pas

(1) Cf. J. R. Pelt, loc. cit., p. 99, 150, 151. Voir aussi saint Paul, Ad Hebræos, VII, 2.

atteintes, n'auraient eu assurément nulle connaissance de cette catastrophe et à plus forte raison du vaisseau sauveteur.

Nous conclurons des divers ordres de considérations qui précèdent, que l'hypothèse de la non-universalité ethnique du déluge est licite en herméneutique et scientifiquement probable, et qu'il est par conséquent loisible de raisonner sur elle, d'en discuter les éléments, et d'apprécier dans quelle mesure et proportions elle peut être le plus probablement acceptée. Ce sera l'objet d'un prochain article.

C. DE KIRWAN.

L'ÉQUIPROBABILISME

(SUITE ET FIN)

Un auteur probabiliste des plus distingués a cru pouvoir soutenir que l'équiprobabilisme, en tant qu'il interdit de suivre une opinion certainement moins probable, n'a pour soi que « quelque probabilité extrinsèque, mais qu'il est entièrement dépourvu de probabilité intrinsèque : Æquiprobabilismus... quatenus negat liceitatem benignioris sententiæ, si hæc est minus probabilis, habet aliquam probabilitatem extrinsecam, concedo; habet aliquam probabilitatem intrinsecam, nego (1).

Nous nous permettons d'abord de demander, si ce n'est pas trop peu de dire habet aliquam probabilitatem extrinsecam, vu que, quant au point de la controverse actuelle, à savoir l'obligation de suivre l'opinion certainement plus probable, l'équiprobabilisme a pour soi non seulement le nombre respectable des auteurs qui défendent ex professo ce système, mais encore tous les docteurs probabilioristes.

Nous demandons ensuite si, en face de l'argument qui est celui de saint Alphonse et que, en suivant et en développant la pensée du saint et de ses disciples, nous avons mis sous les yeux du lec

(1) Ces paroles se trouvent dans la 2e édition de la Philosophia moralis in usum scholarum du R. P. Cathrein, S. J., no 208. Elles servent de réponse à la 2o objection contre le probabilisme, formulée ainsi par l'auteur: Systema probabilistarum debet esse certum, secus non potest esse fundamentum pro dictaminibus certis. Ergo.Prob. min. Nam etiam æquiprobabilismus est systema probabile. C'est au lecteur de juger, si cette réponse est une réfutation, ainsi qu'elle devrait l'être, pour qu'un probabiliste puisse, en conscience, se servir de son système, pour autant qu'il s'oppose à l'équiprobabilisme.

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