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à l'état primitif se comprend, l'unité spécifique du composé ne se com

prend plus.

Une troisième propose la « persistance virtuelle » des éléments. Mais «< il importe de bien préciser ce terme élastique ». Un premier sens laisserait croire à une seule puissance virtuellement multiple. Mais on ne comprend pas comment, sous une influence externe, elle évolue en deux directions différentes, aboutissant aux deux composants. D'ailleurs, n'est-ce point la pensée de saint Thomas? Un second sens, plus fidèle traducteur de celleci, rattache la persistance virtuelle des éléments à une double cause. « La cause éloignée se trouve dans la nature même de la forme essentielle du composé; elle est le substitut naturel des formes élémentaires disparues. Mais la raison immédiate de cette persistance, c'est la reproduction dans le composé des propriétés réelles mais atténuées des composants. Au sein même de cette synthèse, chaque corps simple constitutif se trouve donc représenté par un ensemble de propriétés analogues à celles qui le caractérisaient avant la combinaison ». D'ailleurs chaque groupe de ces propriétés est localisé, ou plutôt doit l'être.

Ce dernier mot surtout est à retenir. Il semble le résumé de l'article entier. Aussi bien, l'auteur, à travers sa critique des opinions adverses, son exposé de l'opinion vraie, ne fait-il guère qu'affirmer l'unité du composé, réfutant par même toute opinion qui la lèse, qu'affirmer aussi une permanence des éléments, réfutant par là même toute opinion qui la nie ou l'infirme. Quant au mode et à la raison de cette permanence dont le fait s'impose rationnellement, comme explication nécessaire du nécessaire retour aux éléments dans la décomposition, avouons que l'un et l'autre sont encore un mystère. Les propriétés réelles mais atténuées, analogues à celles qui caractérisaient les composants avant la combinaison..., semblent difficiles à admettre en leur sens original, fort peu chimique sans doute; insuffisantes en clarté, si on les traduit en langage moderne. Mais la conclusion générale n'est-elle pas suffisante, au point de vue philosophique, et n'est-ce pas un singulier mérite à l'auteur d'avoir vaillamment reconnu et affirmé deux faits certains quoiqu'en apparence difficilement conciliables, d'avoir aussi cherché une explication réellement difficile à donner..., d'avoir, comme dirait Bossuet, fortement tenu les deux bouts de la chaîne, sans en voir pourtant avec évidence le raccord.

FR. J.-D. F.

(Revue Néo-Scolastique, mai 1898).

III

VARIA

V. ERMONI: Le Thomisme et les résultats de la Psychologie expérimentale. Déclinons la prétention de tout trouver dans saint

Thomas; mais sans négliger de montrer, à l'occasion, ce que nous y trouvons. Excellente réponse à ceux qui nous reprochent de retarder sur notre temps et pour qui être de son siècle consiste à en partager toutes les opinions, même erronées. L'auteur de l'article a un mot bref et décisif: « Nous ne visons pas à faire de l'archéologie philosophique. » Nous pourrions ajouter : ni non plus à faire du néologisme philosophique...

<«< Certains faits, mis en lumière par la psycho-physiologie contemporaine, ne trouvent leur véritable explication que dans la philosophie scolastique prise dans ses grandes lignes ».

L'auteur étudie la vie émotionnelle : 1° au point de vue des faits : des changements organiques interviennent dans toutes nos passions.

2o Au point de vue de l'ordre des faits, de l'ordre suivant lequel apparaissent ces deux facteurs de toute émotion, l'affection psychique, l'impression organique. Saint Thomas est partisan d'une théorie réversible; l'émotion est tantôt consécutive, tantôt antécédente. Or, les dernières expériences semblent condamner la théorie de James et de Lange sur l'émotion excluvement consécutive. Il est d'ailleurs certain qu'elle est consécutive en plus d'un cas.

L'auteur passe à la vie intellectuelle. 1o Les faits constatés d'abord par Mosso et ensuite par de nombreux physiologistes montrent que le travail intellectuel est accompagné d'un afflux de sang au cerveau, et qu'à cette hyperémie se rattachent naturellement une augmentation de volume et de poids et accroissement de température. Explication toute naturelle au thomisme d'après lequel l'intelligence ne pense jamais sans le concours de l'imagination et en général des sens internes, dont les organes sont situés dans le cerveau.

2o L'ordre se traduit ici par cette affirmation de MM. Binet et Courtier, que les phénomènes organiques n'apparaissent qu'après un certain temps, et sont donc consécutifs. Conclusion à relever contre le matérialisme : des phénomènes d'attention et de pensée ayant lieu sans se traduire par d'équivalents phénomènes organiques, le cerveau ne saurait être le principe exclusif de la pensée.

Les deux systèmes physiologiques qui cherchent à expliquer ces faits cérébraux Antagonisme entre le cerveau et les membres, indépendance des membres par rapport au cerveau, peuvent, l'un ou l'autre, prédominer sans porter atteinte aux conclusions générales, les seules que prétende fournir l'anthropologie scolastique. Celle-ci, en bonne posture entre l'ultra-spiritualisme et le matérialisme, unit la physiologie et la psychologie, la raison et l'expérience.

Fr. J.-D. F.

(Revue Néo-Scolastique, mai 1898.)

F. PILLON L'Année philosophique. - La huitième année de l'Année philosophique contient trois articles de fond rédigés par ses rédacteurs ordinaires et les recensions critiques des ouvrages de philosophie parus en France durant l'année 1897. M. Renouvier traite de l'Idée de Dieu. M. Dauriac étudie la Philosophie de M. Paul Janet. M. Pillon continue ses Etudes sur Bayle.

La bibliographie nous a paru intéressante dans son ensemble; d'un jugement assez serein quoique un peu personnel. M. Pillon aime, à propos de critique, à prendre des inscriptions d'antériorité, à exposer ce qu'il a dit d'ailleurs, (Exemple: Brochard: de l'Erreur p. 173). Nous signalons, sans insister, un sentiment si naturel. Par contre M. Goyau n'a pas le don de lui plaire; M. Charbonnel devient pour son critique l'occasion d'une tirade déclamatoire (bas de la page 223). Nous pourrions "elever un certain nombre de taches semblables : nous aimons à constater qu'elles sont moins nombreuses que l'année dernière.

Signalons l'excellente observation qui termine l'analyse du livre de M. Brunschwiegh sur la modalité du jugement : « Siles formes d'intériorité et d'extériorité sont purement idéales, nous ne saurions comprendre que l'esprit humain a qui échappent la nécessité et la réalité vraies, puisse distinguer, comme le veut M. Br. dans le domaine du possible où il est renfermé ce qui approche le plus du réel et du nécessaire », (Cf. Rev. Thom., sept. 1897), p. 177.

Mais il ne faut pas toucher aux idoles de la tribu. Le R. P. Laberthonnière, pour avoir essayé de maintenir un peu d'intellectualisme, n'a pas trouvé grâce devant nos robustes partisans de la croyance. Et le P. Pesch n'a pas réussi à les convaincre que le principe de causalité soit un principe analytique. On s'y attendait bien un peu.

A. G.

DARLU De M. Brunetière et de l'Individualisme. A propos de l'article: « Après le procès ». — Lorsqu'un critique part de l'intention avouée de procéder à un éreintement, il ne faut pas s'étonner de lui voir perdre la sérénité que, dans d'autres circonstances, on aimait à lui reconnaître. Tel nous semble dans cet article le cas de M. Darlu. Que M. Brunetière n'entende pas tel ou tel passage de Kant avec l'exactitude rigoureuse d'un vieux régent de philosophie, que l'évolution et le péché originel occupent dans ses préoccupations une place que d'autres trouvent naïf de lui concéder, c'est ce dont nous conviendrions volontiers. Mais n'est-ce pas dépasser la mesure que de recommander à l'illustre académicien la lecture des Prolegomènes à toute métaphysique,« ouvrage par lequel commencent les débutants >> (p. 385)? Est-il bien sûr que le darwinisme

soit nécessairement un matérialisme et que ce soit jouer de malheur que d'aller y chercher une morale et une théologie (p. 387)? Et M. Brunetière serait-il si peu humain que de n'avoir pas le « sentiment du péché (p. 386)?

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Après cela, on ne peut être que surpris de voir M. Darlu reconnaître que, « dans la plus grande partie de l'article qu'il examine, le sentiment social de M. Brunetière l'inspire fort bien (389). Serait-ce la méfiance de M. Brunetière pour l'antisémitisme qui lui vaudrait ce retour de faveur? Nous aimons à penser que ses appréciations sur le rôle de l'armée dans la démocratie (p. 390) ont primé cette considération.

Mais ce sont surtout les idées anti-individualistes de M. Brunetière qui ont le don d'exercer la verve du très critique M. Darlu. Le moindre reproche qu'il lui adresse est de se mettre en contradiction avec soimême. M. Darlu a sans doute raison lorsqu'il montre la réalité de la vie humaine faite de l'union de ces deux termes, l'individu et la société « et que par suite la vérité ne se trouve pas dans l'un des deux pris séparément (p. 394) ». (Cf. Revue Thomiste, mars 1898.) Mais précisément Descartes n'aurait-il pas tranché ce lien nécessaire et M. Brunetière n'aurait-il pas raison « enflammé » si l'on veut « par le souvenir de Bossuet »> de « condamner Descartes >>> (p. 397)?

Au fond ce qui contriste M. Darlu, c'est que M. Brunetière se soit « entendu » avec le Saint-Père, « sans doute, ajoute-t-il perfidement, pour lui consacrer sa parole, et lui soumettre la Revue qu'il dirige, la vieille Revue libérale, maintenant repentie (p. 399) ». Il fallait donc le dire tout de suite et ne pas occuper nos instants à des récriminations personnelles sous prétexte de critique objective. M. Darlu, je l'ignore mais je le parierais, est protestant. Voilà le fond de son opposition à M. Brunetière. Sa critique présente les allures d'un pamphlet d'une inspiration toute subjective; et elle est la meilleure preuve que l'on puisse donner des excès de l'individualisme tel qu'il l'entend.

A. G.

(Revue de métaph. et de mor., mai 1898.)

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES

IPNOTISMO E SPIRITISMO. Studio medico-critico del dottore Giuseppe Lapponi, Archiatro della Santità di Leone XIII, Professore d'Antropologia applicata nell' Accademia di conferenze storico-giuridiche, in-12, p. 237. Roma, tipograpfia poliglotta della S. C. de Propagandâ Fide. 1897.

M. le Professeur D' Lapponi avait été souvent prié par ses nombreux

auditeurs de les renseigner sur ce sujet, actuel et troublant, de l'Hypnotisme et du Spiritisme. C'est pour répondre à ce désir que l'éminent Docteur a composé le livre dont on vient de lire le titre. Ce livre comprend huit chapitres I. L'Hypnotisme dans l'antiquité, au moyen âge, dans les temps modernes et de nos jours le Spiritisme chez les vieux peuples de l'Inde et chez les Égyptiens; chez les Juifs avant le Christ et à l'époque de sa mission; chez les Grecs et les Romains; dans les premières sociétés chrétiennes, au Moyen Age, à la Renaissance; ses progrès et ses diverses formes, dans ces dernières années. II. Phénomènes de l'Hypnotisme : comment on le produit, et ce qu'on lui fait produire. III. Les phénomènes du Spiritisme le médium, la chaîne, les tables parlantes, les meubles qui se metttent en mouvement, la danse des feuilles; comment les Fakirs font pousser les plantes, comment les esprits parlent, écrivent, apparaissent, se matérialisent et reprennent chair: la jeune Indienne de William Krookes, Télépathie. IV. Analogies et différences entre les phénomènes de l'Hypnotisme et ceux du Spiritisme. V. Nature de l'Hypnotisme et de ses manifestations. VI. Nature du Spiritisme et de ses manifestations. VII. Effets des pratiques hypnotiques et des pratiques spirites. VIII. Conclusion.

Au seul énoncé de toutes ces questions l'on comprend quel doit être l'intérêt du livre; mais on ne le comprend qu'en partie. Car M. le Dr Lapponi ordonne son sujet avec tant d'art, se conforme si bien, en le développant, aux exigences de l'esprit, s'exprime dans une langue si sobre, si précise, et en même temps si classique, qu'il charme et captive son lecteur, comme le savent faire seuls les écrivains de marque.

Mais ce qu'il nous importe surtout de connaître, c'est la pensé de notre auteur sur la nature du Spiritisme et de l'Hypnotisme. Il va nous la dire sans détour.

«Touchant les faits qui constituent le Spiritisme moderne, la Science est forcée de déclarer qu'ils ne sont pas seulement supérieurs, mais contraires, aux lois les plus universelles et les mieux connues de la nature cosmique. Et, de fait, prédire avec exactitude certaines choses futures ne concernant pas la personne qui parle, et relatives à des faits tout contingents; reproduire fidèlement l'écriture de personnes mortes depuis longtemps, et sur laquelle on ne pouvait avoir aucune donnée ; révéler les particularités d'un fait totalement inconnues aux assistants et qui, vérification faite, se trouvent exactes de tout point; acquérir subitement la connaissance de langues dont on ne savait pas même l'existence, et dont bientôt l'on ne comprendra plus un mot, ou la connaissance de sciences exactes, abstruses et difficiles que l'on possède pour quelques quarts d'heure et qui disparaît ensuite sans laisser de trace dans l'esprit; ce mouvement

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