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DEPART DE TOBERMOREY. — UNE JEUNE HIGHLANDAISE.

LE DETROIT DE MULL.

LA ROCHE DE CLACH-NA-CAN. - OBAN.

LES ILES DE KERRERA, D'INISH ET D'EYSDIL.

LES ILES DE SEIL ET DE LUING. L'ILE DE SHUMA.CORRYVRECKAN.

L'ILE DE JURA.

LA BAIE ET LE CANAL CRINAN. LE COTEAU D'OAKFIELD.

LE PARC DE SIR J. MAC-N***.

A bord du Highlander, le 27 juillet 1826.

Il est cinq heures du matin. Les derniers accers de la musette retentissent: nous partons. A peine sommes-nous dans le détroit de Mull, que de chaque port du rivage sortent de petites barques, qui viennent de nouveau recevoir ou nous donner les commissions de la contrée. La plupart amènent des passagers qui se rendent à Glasgow comme nous. La foule est telle que les places privilégiées sont elles-mêmes envahies. Des groupes s'établissent sur les côtés, au pied de la mâture écourtée du bâtiment, partout. Au centre de l'un d'eux, près de sa mère, et entourée de quelques compagnes, une jeune paysanne

attire nos regards. Son costume est pauvre et grossier. Aucun ornement ne la pare; mais qu'elle est belle! Elle eût servi de modèle aux vierges de Raphaël. A des traits célestes elle unit des formes ravissantes. A demi couchée sur le côté, ses genoux sont inégalement repliés sous elle. Ses jambes et ses pieds nus qui dépassent sa jupe de couleur sombre, ont des proportions séduisantes, et trahissent les grâces du reste de son corps souple et moelleux. La pointe d'un schall de bure qu'elle partage avec sa plus proche voisine, enveloppe sa tête d'une façon pitoresque. Elle le retient contre son visage avec une main voluptueuse qu'on voudrait baiser si elle était propre. Sous cette draperie qui ombrage son front, brillent des yeux où se peint une coquetterie timide et innocente. Elle s'est aperçue que nous la remarquions; un sourire a effleuré ses lèvres; et la pudeur a teint d'une légère nuance de pourpre, sa carnation brune et hâlée.

Il est devenu impossible de se promener ou seulement de changer de place sur le tillac, tant l'on y est serré. Bon gré, mal gré, il faut y rester exposé aux émanations nauséabondes que rassemble la marche du paquebot : c'est un mé

lange de la vapeur d'eau de mer en ébullition dont la fadeur est extrême, de la fumée sulfureuse du charbon de terre, des exhalaisons de la graisse échauffée dont les engrenages de la machine sont humectés, et de la fastidieuse odeur d'une cuisine de mouton et de harengs frais, qui commence avant le jour et ne finit qu'au port. Cette atmosphère rassasierait la faim la plus robuste. Le confort des bateaux à vapeur est encore loin, je ne dis pas de celui de la richesse, mais seulement d'une aisance médiocre. Quoi qu'il en soit, nous cheminons. Les sites que nous connaissons déjà, s'offrent à nous sous un nou-, vel aspect. Nous disons un dernier adieu aux coteaux de Mull et de Morvern, à leurs montagnes, à leurs chaumières rares et cachées, à leurs sapins, à leurs bruyères et aux tristes habitans de leurs vallées sauvages. Enfin le donjon de Dunoly se dessine dans l'azur des cieux. A la base du rocher qu'il couronne, croissent quelques arbres, quelques buissons. Sur le bord de la route tracée en cet endroit, parmi des débris de brèche, le bloc qui s'élève semblable à un pilier, servait à Fingal pour attacher son chien Bran, quand la chasse le conduisait dans les environs. On le nomme Clach-na-can, le pilier du

chien. Ici le rideau va tomber pour nous, sur le théâtre d'Ossian et les ombres de ses héros. Rien ne nous rappellera plus la poésie des bardes, ni le son de leurs harpes. La glorieuse et hospitalière Calédonie, ses âpres montagues, ses vallées profondes et ses mers orageuses s'éloignent de nous. Voici le port d'Oban.

Cette fois la station est courte. Nous naviguons désormais pour arriver. Le paquebot ne s'arrêtera qu'au terme du voyage; et nous ne jetterons plus qu'un rapide regard, sur les côtes devant lesquelles nous passerons. Au sortir du port, s'ouvre l'archipel méridional des Hébrides. On parcourt dans toute sa longueur, le détroit de Kerréra. L'île qui lui donne son nom a quatre milles de long et un à deux milles de large. Son sol est volcanique. On y trouve deux bons mouillages, Ardintrive et Horse-Shoe-Bay. Vers le milieu du treizième siècle, le dernier vit la réunion d'une flotte qu'Alexandre II armait contre les Danois : ce roi mourut avant d'avoir pu accomplir son dessein'. Nous entrons dans la pleine mer, laissant à gauche les îles d'Inish et d'Eysdil. Celle-ci n'est presque qu'un massif d'ar

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doise excellente, d'où l'on en tire en telle quantité depuis plus de cent vingt ans qu'elle est très-abaissée. Quoique le tems soit superbe, nous nous dirigeons vers le détroit de Cuan qui sépare l'île de Seil de celle de Luing : c'est la route que l'on prend quand on craint des tempêtes. Le bord occidental de l'île de Seil est hérissé de roches perpendiculaires, au pied desquelles tournoie un remous dangereux. Elle tient au continent par un pont jeté sur le bras de mer étroit qui la sépare de Clachan. L'île de Luing est une riche ardoisière, comme la plupart de celles qui sont éparses dans ces parages. Nous l'avons longée de très-près. Ses carrières sont à fleur d'eau ; et il n'eût tenu qu'à nous de parler aux ouvriers qui y travaillaient. A son sommet on aperçoit les restes d'un fort. Elle a un petit port qui se nomme Killchattan, vis-à-vis du golfe de Melford. Le comte de Breadalbane en est propriétaire; et selon le bruit public, il en tire annuellement un revenu considérable. J'ignore si elle fait partie des terres immenses que ce grand seigneur possède dans le voisinage, qui s'étendent de Tay-Bridge dans le comté de Perth à Casdale dans celui d'Argyle, et dont la longueur est de quatre-vingt dix-neuf

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