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STAFFA.

Lain de Thierry freres.

de hauteur, adhérant immédiatement entre elles, en décorent le frontispice, et forment deux murs parallèles dont le prolongement s'étend dans l'intérieur, à une distance de cent quarante pieds. Du sommet de ces murs s'élance une voûte hardie, terminée en pointe. Les basaltes tronqués qui lui servent de voussoirs, se dépassent les uns les autres, et retombent en pendentifs de diamètres différens. Des infiltrations jaunâtres en marquent les joints. Les flots y renvoient mille nuances plus ou moins foncées, plus ou moins brillantes: on croirait une mosaïque brute de marbre noir veiné d'or, d'argent, de pourpre et d'opale. Le long des parois qui la portent, se trouvent des colonnes plus courtes, présentant des échelons à l'aide desquels on avance dans cet enfoncement. Quelquefois elles sont moins rapprochées : alors l'enjambée devient difficile, périlleuse. Vers le milieu il y a un intervalle qui en est totalement dépourvu. Sir Ronald Macdonald, à qui l'île appartient, les a remplacées deux étriers et une rampe en fer que la rouille dévore: ils fléchissent quand on s'y appuie et ne peuvent manquer d'occasioner un jour de graves accidens. Mais qui ne s'y confierait? comment ne pas franchir le parvis de ce

par

temple, en parcourir la nef dans son entier? qui pourrait s'abstenir d'en visiter la partie la plus reculée, espèce de sanctuaire dont les approches inspirent un saint effroi? La lumière y pénètre à peine. Le moindre murmure y produit un retentissement solennel, auquel aucun bruit de la terre ne se mêle jamais. En voyant les feuilles bifurquées de varech et les autres plantes marines qui flottent sur son aire transparente, ne croirait-on pas qu'une fête religieuse vient d'être célébrée, et que la jonchée est encore répandue? A peine ose-t-on y parler, tant l'ame est émue, tant les paroles seraient impuissantes pour rendre ce que l'on éprouve! A quel siècle remonte cette création surhumaine? quel en fut l'architecte? quelle main en traça les plans, en éleva les murs, en suspendit la voûte? Tant de majesté, de si heureuses proportions, une coupe si gracieuse, ne seraient-elles qu'un jeu du hasard, ou l'effet naturel d'une combinaison d'élémens homogènes et sympathiques? Ah! ne venez surtout me parler ni des neptuniens qui attribueraient cette production gigantesque à la concentration de je ne sais quels fluides; ni des plutonistes qui la regarderaient comme le résultat de quelque combustion ou fusion souter

raine. Que m'importent leurs théories, et les conjectures, voire même les observations sur lesquelles ils les fondent? Ne nommez non plus cette enceinte magnifique, ni la Grotte de Fingal, ni la Grotte harmonieuse ou mélodieuse : toutes ces désignations sont trop terrestres. Laissez-moi à mon ignorance, aux sensations qui me charment, à l'admiration dont je suis pénétré. Je ne veux voir dans ce monument incomparable, qu'un temple consacré par la nature et par le tems, à la puissance suprême qui régit l'univers. Aucun ornement ne le décore; mais combien sa nudité est imposante! Des chapiteaux, des frises, des entablemens avec leurs riches sculptures, ne l'emporteraient pas sur sa noble simplicité. Plus on le contemple et plus on y découvre de beautés d'un ordre inimitable. On ne s'en éloigne qu'avec recueillement. Les regards s'y reportent à chaque pas que l'on fait pour en sortir; et la seule crainte que l'on ressente, est de n'en pas conserver une assez fidèle mémoire.

Familiarisés désormais avec les degrés isolés au moyen desquels nous ne cessons de monter et de descendre, nous nous hâtons de gravir l'escarpement qui conduit au sommet de l'île. Son

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