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QUELQUES MOTS SUR L'ÉCOSSE.

CONJECTURES SUR LA FRANCE. LE REMBLAI DU NORTH-LOCH.

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L'hospitalité n'est point un vain mot en Écosse. Nous avons été présentés à M. John M*** avocat et écrivain distingué; et il vient de luimême se mettre en quelque sorte à notre disposition. Il veut nous montrer les principaux établissemens d'Édimbourg. Écossais patriote, il prétend que nous n'ignorions rien de ce qui caractérise et honore son pays. Tour à tour il passe en revue l'instruction généralement répandue parmi ses concitoyens, la disposition naturelle des esprits à agrandir le domaine des sciences et des arts libéraux et mécaniques, les progrès de l'agriculture, du commerce et de l'industrie. Il insiste pour que nous allions directement à

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Glasgow, et se réjouit de la surprise que nous causera la navigation à la vapeur, qui couvre de ses vaisseaux, la Clyde et les mers qui l'avoisinent. Malgré mes efforts pour le faire parler de l'Écosse, il revient sans cesse à la France. « Tous les regards sont fixés sur elle, dit-il. Le contraste des procédés de votre gouvernement avec vos opinions politiques, nous occupe autant que vous. On ne voit aucune stabilité dans l'organisation de vos grands pouvoirs. L'issue des questions importantes qui vous divisent, amène des raisonnemens sans fin. Personne ne peut croire à la durée d'un système qui ne repose que sur la déception, et sur le mépris le plus révoltant des intérêts nationaux. Chacun essaie de se rendre compte des forces de votre ministère, de l'appui qu'il trouve dans les chambres, et des talens de l'opposition qui le combat. Dans cette recherche, nous considérons peu les ressources de l'art oratoire, mais seulement la connaissance des hommes et des affaires, les qualités qui constituent l'homme d'état et qui malheureusement sont encore rares chez vous. C'est vers vos doctrinaires que nous inclinons davantage; et la réputation de ceux de la Chambre des Pairs nous semble plus méritée. » Alors il m'en a cité plusieurs à

qui, pour ma part, je n'accorde pas une grande influence, et qui ne se signalent en effet que par leur exclusive anglomanie, par des théories abstraites de législation, par une élocution froide et compassée, par le besoin de soumettre à la rigueur de leurs principes les choses les moins susceptibles d'être généralisées. Il en est un remarquable à la vérité par sa faconde, par la liaison de ses idées, par la fermeté apparente de son caractère, et qui passe ici pour un orateur du plus rare talent. On s'est étonné que je trouvasse cet éloge exagéré. Je n'ai pourtant pas eu de peine à prouver que son inépuisable faculté de discourir, se bornait à l'art de parler beaucoup sans rien dire, à tourner les questions sans les résoudre, à délayer les objections sans y répondre, et à conduire insensiblement ses adversaires sur un autre terrain que celui qu'ils avaient choisi, peu constant d'ailleurs dans sa foi politique dont il a déjà fait plus d'une fois le sacrifice aux circon

stances.

A l'extrémité méridionale de Hanover-Street, un remblai de huit cents pieds de long mène de la nouvelle ville à l'ancienne. Il sert à franchir par une pente insensible, la vallée profonde qui les sépare. Du côté du nord il a cinquante-huit

pieds de haut, et quatre-vingt-douze au midi. Un mur le coupe longitudinalement; et les piétons en prennent la droite ou la gauche selon que le vent vient de l'est ou de l'ouest. Sans cet abri, les femmes et les enfans qui y passent, seraient exposés à être renversés par les ouragans que les deux mers se renvoient fréquemment, et qui traversent la ville avec une telle impétuosité, que j'ai entendu regretter qu'on n'eût pas adopté dans le tracé des rues, la ligne courbe de préférence à la ligne directe. La Banque occupe le bâtiment isolé qu'on aperçoit sur le penchant du coteau, et dont la partie inférieure est masquée par un portique détaché du corps de l'édifice. Cet établissement est un des plus anciens

du

royaume. Là se consomment les opérations financières déterminées par des entreprises com. merciales qui s'étendent à toutes les parties du monde. Là encore, comme dans toutes les banques d'Écosse, s'opère journellement cet admirable balancement du superflu avec le nécessaire, de l'économie avec le besoin, qui a donné un si grand essor à l'industrie et à l'agriculture de cette portion de la Grande-Bretagne, y a répandu l'amour du travail, et en a presque banni la mendicité. L'administration de cette banque

est citée avec éloge. Quelque ordre et quelque probité qui y président, je doute qu'elle l'emporte sur la Banque de France, qui n'avait pas de secrets avant que la publicité des comptesrendus fût devenue un devoir social.

En arrière de l'église de Saint-Giles, dans la partie de High-Street qui se nomme Lawn-Market, est l'ancien palais du Parlement. Pendant l'interrègne des Stuarts, il avait été résolu de placer, dans son enceinte, la statue de Cromwell. A la restauration, celle de Charles II y fut inaugurée, et n'a point été renversée par l'avènement de la maison de Hanovre. La bibliothèque dite des avocats occupe le rez-de-chaussée. Plus de soixante mille volumes en couvrent les rayons. Elle possède en outre une grande quantité de manuscrits rares, de chroniques anciennes et de documens historiques; des missels ornés de vignettes, de culs-de-lampe, de dessins d'un travail précieux, et une collection de médailles et de monnaies grecques, romaines, saxonnes, anglaises et écossaises. Les lecteurs se tiennent dans une galerie décorée de colonnes, et meublée de divans, de siéges mobiles, et de tables autour desquelles se rangent ceux qui veulent écrire. A la suite, viennent des salles

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