網頁圖片
PDF
ePub 版

L'anglais que l'on parle a une harmonie particulière il m'a semblé que la prononciation en était plus accentuée et moins sifflante que je ne l'ai trouvée jusqu'à présent.

Il est dix heures. Que les nuits du nord sont belles en été! A peine le soleil quitte-t-il l'horizon; et pendant sa courte absence, soit au couchant, soit au levant, une vive clarté signale son voisinage. Les objets les plus éloignés s'aperçoivent distinctement. On lirait couramment sans difficulté. Le soir et le matin se touchent pour ainsi dire; et sans le repos que le sommeil commande, la durée de la vie doublerait. C'est une compensation des longs et rigoureux hivers qu'accompagnent les brumes, les frimas et les tempêtes. Tout simple qu'il est, ce phénomène nous étonne et nous charme. Dans sa description de la Bretagne, Tacite en cherche la cause. « Sans doute, dit-il, que les extrémités planes et unies de la terre ne projettent leur ombre qu'à une médiocre hauteur, de sorte que les ténèbres n'atteignent point la région des astres '. Quand la philosophie, l'éloquence, les arts avaient atteint un si haut

>>

TACITE, Vie d'Agricola, XII, trad. de M. Burnouf.

[ocr errors][merged small]

les

degré de perfection, comment se fait-il que sciences fussent si peu avancées? L'explication de ce contraste viendrait-elle du peu de tems que la vie tout extérieure de Rome laissait pour le calcul, l'observation et les connaissances qui tiennent à l'étude solitaire, attentive, obstinée? car il n'est certes pas permis de supposer ici un manque de facultés intellectuelles. Aussi voyez comme le célèbre historien essaie de pénétrer l'effet naturel qu'il prend pour un mystère. Il pouvait faire intervenir une divinité dans cette scène imposante. Elle en était digne sans doute; mais son génie repoussait une solution, que la raison n'aurait pas approuvée. Il veut démontrer physiquement un fait physique; et se méfiant de ses lumières qui ne le satisfont pas, il ne donne son sentiment que sous la forme du doute et comme une simple supposition: noble modestie, rarement mise en pratique dans le siècle où nous vivons, par de prétendus savans à qui elle serait bien nécessaire.

159

UN ORAGE. LE COTEAU DE TOMNAHURICK.

UNE FOIRE A INVERNESS.

LA MUSETTE CALÉDONIENNE. UN RECRUTEUR. SON CORTEGE.

UNE ROUTE MILITAIRE. ENVIRONS D'INVERNESS.

Inverness, le 21 juillet 1826.

Une tempête effroyable a éclaté cette nuit. On craint des naufrages sur les côtes, et chacun en attend la nouvelle avec anxiété. La pluie ne cesse de tomber entremêlée d'averses et de rafales. Les pavés en sont déchaussés ; et chaque ruisseau est devenu un torrent. Le ciel est si bas et si obscur, que l'ordre des saisons semble interverti c'est l'hiver au sein de l'été. Quelle solitude dans la ville! quel silence! quelle tristesse! On ne voit que les pourvoyeurs du ménage. Vers midi les nuages se divisent. Le soleil perce à travers leurs intervalles. Peu à peu sa douce influence ramène le calme, comme un rayon d'espoir au sein de la douleur suspend le cours des larmes, et donne à l'ame assez de

force pour la supporter. Nous profitons de cette éclaircie pour aller visiter le coteau de Tomnahurick. La route par laquelle on s'y rend, se dirige vers le couchant, et coupe en ligne droite le territoire de Kinmylies. Il est planté de sapins d'une médiocre végétation, de mélèzes à la tige lisse, au feuillage léger, de vieux genévriers dont les baies noirâtres surchargent les rameaux. Au-delà passe le canal Calédonien. Le pont que l'on aperçoit vers la gauche, unit les deux parties du chemin neuf qui commence à Bught sur la Ness, traverse Doughfour et aboutit vis-à-vis du fort Auguste, à l'extrémité sud-ouest du lac Ness. De l'autre côté, un sentier est tracé le long de la berge. Ce fleuve factice, artistement encaissé, qui serpente entre des champs couverts de moissons, intéresse vivement. Combien de sources de richesse ne doit-il pas ouvrir! L'esprit occupé des nouvelles combinaisons commerciales dont il promet le succès, on arrive aux écluses de Muirtown qui dégorgent dans le bassin du même nom. Bien que ce réservoir fût fermé à Clachnacarry et à l'entrée du Beauley, la marée y pénétrait : il en a été préservé à l'aide d'une digue qui est un fort bel ouvrage.

La foire qui s'est ouverte hier durera encore deux jours: elle est la plus fréquentée de l'année. Le retour du beau tems a permis d'y venir de quelques milles à la ronde. Néanmoins l'affluence est peu considérable. Aucun débat ne se mêle aux marchés qui se traitent ou se consomment. Les intérêts se discutent gravement, sans élever la voix, sans colère, sans injures ce sang-froid, commun aux peuples du Nord, veut toutefois être respecté; car il ne reprend pas facilement son empire, si quelque important sujet d'irritation l'a troublé. Toutà-coup une musette se fait entendre. Au même instant les regards se tournent vers l'angle de la place où ses sons retentissent. Toutes ces figures si froides s'animent; les yeux brillent; un sourire de bonheur effleure toutes les lèvres. Ce ne sont point, à mon sens, des accens belliqueux, ni tendres, ni surtout harmonieux : néanmoins, selon le sentiment qui le domine chaque Écossais y trouve une inspiration héroïque, un souvenir d'amour, la douceur d'un chant céleste, la voix de la patrie: car ils sonnent l'alarme, rassemblent les guerriers, encouragent au combat, célèbrent la victoire; et la vierge des montagnes s'émeut en les écoutant, lors

[ocr errors]
« 上一頁繼續 »