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CARACTÈRE DE LA SOUVERAINETÉ TEMPORELLE.

est implantée au détriment du salut temporel et spirituel des peuples, sur quoi repose-t-elle ? Sur ces richesses dont se gorgent scandaleusement ses ministres impurs, richesses que lui ont prodiguées des rois criminels et parjures. Supprimez en France, par exemple, le budget des cultes, vous opérerez un grand mal, une grande perturbation en même temps que vous commettrez une grande iniquité; mais vous n'ébranler ez pas même l'Eglise qui n'en subsistera pas moins resplendissante de zèle, de dévouement, de science et de vertus. Pourquoi cela? Parce que l'Eglise catholique repose sur la vérité, vit de sa foi, se suffit à elle-même, est indépendante des temps, des lieux, des circonstances, et sait, comme son grand Apôtre, vivre également au sein de l'abondance et de la disette, dans la joie et dans la tristesse, au milieu de la paix et des tribulations.

Mais dépouillez l'hérésie du seul mobile de son faux zèle; ôtez, par exemple, à l'Eglise officielle d'Angleterre ces immenses richesses qui permettent à son clergé de fa vivre au sein du luxe et des délices, et cette Eglise pré-bl tendue ne vivra pas une année. Voilà ce qu'a été la sou-es veraineté temporelle du moment qu'elle s'est crue indé-de pendante de l'Eglise, et qu'elle s'est considérée comme spécialement établie pour faire régner l'ordre dans la société. Voyons maintenant ce que, dans les circonstances actuelles, elle pourrait être en France,

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CONTINUATION DU MÊME SUJET. - OBJECTIONS ET
RÉPONSES.

Pour bien juger de l'action morale qu'exercerait infailliblement sur notre société l'une des royautés possibles en ce moment, il suffit de considérer les principes et les doctrines qu'elle représenterait, les concessions qu'elle devrait faire à ces principes et à ces doctrines, les hommes dont elle devrait s'entourer, auxquels elle serait dans la nécessité de confier les affaires, le gouvernement du pays, ainsi que cette portion considérable de la nation dont ils représentent les idées, flattent et partagent les instincts,

Et d'abord, quelle est la royauté qui, dans l'hypothèse d'une restauration prochaine, aurait des chances de succès, l'emporterait infailliblement sur les autres royautés, ses rivales? Cette royauté est la royauté constitutionnelle des d'Orléans. Sans aucun doute cette royauté, d'après les principes de la science politique, est absurde, ridicule,

odieuse, impossible; et pourtant c'est elle qui profiterait d'un retour des esprits à la monarchie.

C'est qu'aujourd'hui, en France, il ne s'agit plus ni d'idées, ni de science, ni de principes; c'est que les principes, les idées, la science, l'intelligence, le droit, ne sont plus la base de nos institutions, mais les instincts et les passions aveugles. La France s'est longtemps désaltérée, mille fois elle s'est enivrée à là coupe des révolutions; elle a bu à longs traits ce breuvage empoisonné que lui ont prodigué les apôtres du mensonge. Voilà pourquoi elle préférera toujours instinctivement, tant qu'elle ne sera pas moralement régénérée, la monarchie qui répond le mieux à ses illusions, à ses erreurs, à ses défiances, à ses antipathies religieuses, qui, en un mot, résume à ses yeux les fausses idées de liberté et de bien-être qu'elle espère en vain réaliser. Et cette monarchie, personne en France ne l'ignore, est la monarchie de Juillet.

Si par l'effet de circonstances dont dépendent toujours plus ou moins les événements, la maison et le parti d'Or léans manquaient la proie qu'ils convoitent, la couronné ňe leur échapperait que pour passer dans les mains d'un représentant du bonapartisme. Que les légitimistes në s'y trompent pas, Henri V n'est point l'homme du peuple ni de la bourgeoisie. Il ne possède que leur antipathie, que leur haine stupide, et n'aurait rien, absolument rien à gagner à un retour de la nation vers l'institution monarchique. Il y a plus, c'est que lors même qu'Henri V profiterait, contre toute vraisemblance, de l'anéantissement du gouvernement républicain, cette restauration de lá légitimité serait, comme nous le montrerons plus loin, tout à l'avantage des orléanistes et des bonapartistes.

I!

Ce serait donc, en définitive, à la maison d'Orléans, à

la royauté de Juillet que passerait le pouvoir, que reviendrait la couronne, si le trône était relevé, ou, à son défaut, à la monarchie de l'empire. Or, qu'est-ce aujourd'hui que la maison d'Orléans, et que représente-t-elle ? La maison ou la branche cadette d'Orléans, prise dans sa position actuelle, considérée dans ses prétentions immédiates au trône ou en dehors de sa soumission sincère au principe et au droit de la légitimité, est à jamais la maison des renégats et des traîtres; le sceau de l'apostasie est forcément imprimé sur son front; elle représente le principe de la révolte, le droit de l'émeute et des barricades, la couronne civique des héros de la rue, la haine du catholicisme, et la négation de l'ordre moral. Ses moyens uniques d'action sont le mensonge, la fourberie, la ruse et l'astuce; sa destinée est de vivre aux dépens des bons avec les démons de la terre, de flatter leurs instincts brutaux et de sacrifier perpétuellement aux féroces passions qui l'ont déjà dévorée. Elle ne pourrait se soutenir un instant que par l'habileté des roués et la corruption des pervers. Tout ce que la révolution, qui est la personnification même de l'impiété, du blasphème, de l'improbité, du libertinage et du crime, demanderait de concessions, elle serait donc obligée de les faire jusqu'à la dernière possible, et de livrer ainsi la société à tous les éléments dépravateurs du mal. Et ce rôle infernal, elle serait condamnée à le jouer bon gré malgré, lors même que celui de ses princes qui porterait le sceptre et la couronne aurait les meilleures dispositions du monde; car, quand on représente la révolution et qu'on s'est donné à elle, on ne vit avec elle qu'à la condition de la servir et de la satisfaire.

Et puis, que serait le prince régnant? absolument rien, si ce n'est l'instrument docile et responsable du parti qui

régnerait par lui, des hommes dont il serait obligé de s'entourer. Et ces hommes, quels seraient-ils? Ils seraient nécessairement les chefs ou les disciples de l'ancien parti libéral et révolutionnaire, c'est-à-dire des ambitieux ou tout ce que la société française compte d'hommes les plus dépourvus de principes, de conscience, de religion, de probité, de loyauté et de moralité. Et qu'on ne dise pas que le roi demeurerait toujours libre de choisir ses ministres, de s'entourer d'hommes probes et consciencieux. Avec le régime parlementaire, cette liberté n'existe pas pour le chef de l'Etat, qui ordinairement est toujours obligé de se livrer à ses propres ennemis, aux hommes de l'opposition. Et l'on sait que les hommes de l'opposition qui arrivent aux emplois, n'ont fait de l'opposition, n'ont agité le pays que pour se rendre nécessaires, que pour renverser ceux qu'ils remplacent, bien différents en cela de ceux qui font de l'opposition par principe d'honneur et de conscience, pour empêcher qu'un usurpateur conserve la place du prince légitime.

Sous une monarchie révolutionnaire affublée du régime parlementaire, il n'y aura donc, en général, que les ambitieux qui arriveront au gouvernement du pays. Or, une fois arrivés au pouvoir, ces hommes tiendront nécessairement à s'y maintenir, et ils ne le pourront qu'au moyen du parti qu'ils représenteront dans la Chambre et dans le pays; par conséquent, qu'en voguant à pleines voiles dans la direction des instincts, des passions, des haines de ce parti, et chacun sait ce que sont ces instincts, ces passions et ces haines.

Aussi, du moment que ces hommes présomptueux et pleins de confiance dans leur propre habileté auront un peu consolidé leur œuvre, du moment que, dans leurs illusions, ils croiront l'ordre matériel suffisamment assis, se

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