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Tout pouvoir n'a de force, d'avenir, de stabilité que dans la bénédiction de Dieu, et il n'y a de pouvoir béni, aimé, respecté, que celui qui vient d'en haut. Or pour conserver aux yeux des peuples ce caractère sacré, il ne faut pas sortir des conditions hors desquelles on ne peut, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, que venir d'en bas, et paraître dans toute l'indigence et la nudité de cette honteuse origine.

En dehors de la souveraineté de Dieu et de son Eglise, le DROIT n'existe plus; il n'est plus possible, il n'a plus de notion ni de sanction; ce n'est plus qu'un mot vide de sens, une parole contradictoire. Il y a bien encore ce qu'on appelle la souveraineté du peuple; mais cette souveraineté, c'est la souveraineté humaine, semblable en tout à cette souveraineté personnifiée dans le prince. de l'orgueil; souveraineté directement opposée à la souveraineté divine, en haine de laquelle elle a été inventée, et qui ne s'exerce que par la force. Que l'on comprenne bien ici le sens de nos paroles nous parlors de la souveraineté du peuple, de cette souveraineté révolutionnaire qui déclare un peuple maitre absolu de ses destinées, des lois civiles et morales auxquelles il doit conformer sa conduite, et non de certaines formes politiques qui peuvent être parfaitement compatibles avec la souveraineté de Dieu et le règne de Jésus-Christ.

On a tiré de cette prétendue souveraineté, qui n'est que la révolte contre Dieu, des droits prétendus, les droits du peuple; c'était faire une singulière confusion d'idées, un étrange abus de mots, et prendre la liberté pour le droit. Non, les peuples chrétiens n'ont pas le droit de s'affranchir de la souveraineté de Dieu et de secouer le joug de Jésus-Christ. Seulement, ils sont libres de le faire, et quand ils le font, loin d'exercer un droit, ils

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CARACTÈRE DE LA SOUVERAINETÉ TEMPORELLE.

violent tous les droits. Aussi ne sort-il de cette autorité usurpée aux jours terribles des tempêtes que la violence et l'anarchie. C'est là par excellence l'œuvre des hommes. Et cette œuvre imparfaite et impuissante est nécessairement éphémère. C'est pourquoi on la renverse pour la réédifier sur la même base et la renverser encore, sans que tous ces efforts ni ces agitations puissent réussir à lui donner la vie. Tels sont nos gouvernements de main d'homme.

Or ces gouvernements, les seuls que nous connaissions depuis longtemps et qu'on veuille conserver en France, sont condamnés par leur origine à miner sans cesse la base qui leur sert de fondement, et à entraîner la société dans leur perte. Enfantés par les fils de l'abime pour combattre le règne de Jésus-Christ, leur tâche est de former une société à leur image, c'est-à-dire étrangère et hostile à tout élément religieux. C'est ce qu'ils ont fait, comme on a pu le voir, et ce qui rend funeste leur existence, et insensée ou criminelle l'intention de les restaurer.

CHAPITRE III.

QUE TOUS LES MALHEURS DE LA FRANCE, Y COMPRIS SON INCRÉDULITÉ, SA CORRUPTION PROFONDE ET LES DANGERS QUI LA MENACENT, ONT POUR CAUSE NOS GOUVERNEMENTS ET NOS HOMMES POLITIQUES RÉVOLUTIONNAIRES.

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Si la conduite de nos gouvernements révolutionnaires a prouvé la nécessité où ils sont de favoriser l'impiété. les événements qu'ils ont provoqués et qui se sont ac-. complis depuis notre dernière révolution, ont à jamais démontré cette grande vérité qu'une société civilisée ne saurait subsister sans religion, et que la moralité, l'ordre, la prospérité d'un peuple, sont proportionnés à la force et à l'orthodoxie de ses croyances religieuses; en sorte que plus le sentiment religieux est fort et vrai chez un peuple, plus sa moralité, sa prospérité, son bien-être sent grands et assurés.

Aussi, pouvons-nous dire que nos désastres et nos ruines, notre immoralité et nos dangers viennent de l'extrême affaiblissement de notre foi catholique. Nous savons que cette vérité, malgré l'éclat et l'évidence de sa

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manifestation, n'est pas comprise par tous; qu'il est des hommes qui tiennent peu de compte de l'élément religieux, et qu'il en est même qui croient que tant qu'il y aura de la religion sur la terre, le bonheur et la paix n'y seront point possibles. C'est qu'il est des esprits que le préjugé aveugle à un tel point que rien, pas même un prodige, ne saurait leur ouvrir les yeux; et qu'il en est d'autres qui sont tellement voués au mal, que tout élément de bien leur paraît nécessairement un obstacle à la réalisation de leurs sinistres projets. Voilà ce qui explique l'indifférence des uns et la haine sacrilége des autres.

Mais cette erreur des premiers et cette perversité des seconds ne sont encore qu'une exception en France, et l'on peut dire que le grand nombre comprend aujourd'hui cette vérité si hautement proclamée par les faits : que la religion est nécessaire, et que tous nos maux, toutes nos souffrances viennent ou de notre incrédulité, ou de notre infidélité à l'égard des préceptes divins. Cette conviction générale, qu'à part certaines exceptions il est impossible à la bonne foi de ne pas partager, est un consolant sujet d'espérances pour la France, et permet encore à ses chefs temporels, à tous ceux que les circonstances chargeront désormais de ses destinées terrestres, de la ramener, s'ils le veulent, dans les voies droites et salutaires d'où elle n'aurait jamais dû sortir; de réparer le mal qui a été fait, et de conjurer tous les dangers qui nous menacent.

Il est donc de la dernière importance de bien connaître les erreurs, pour ne pas dire les crimes, de ceux qui ont amené cette situation malheureuse à laquelle on ne voit presque point d'issue, afin qu'on ne soit pas exposé désormais à retomber au sein des mêmes ténèbres

Ce qui donne à l'anarchie des espérances trop fondées, c'est l'extinction parmi nous de la foi et de la piété. Mais qui est-ce qui a affaibli, ruiné en France les croyances catholiques? C'est le projet criminel de constituer une société civile, ou, en d'autres termes, comme le disait M. Guizot, comme l'ont toujours voulu les libéraux de l'école révolutionnaire, une société laïque. Il faut, disait à une certaine époque M. Guizot, que d'ici à quelques années la société et son gouvernement soient entièrement laïques. Or, que signifiait ce langage? Il ne signifiait pas assurément qu'il fallait que la société et son gouvernement ne fussent point exclusivement composés d'ecclésiastiques, puisque la société était aussi laïque qu'elle l'est aujourd'hui, et que nul ecclésiastique ne faisait partie du gouvernement. A moins d'être absolument absurdes, ces paroles ne pouvaient donc avoir qu'une seule signification qui est celle-ci : Il faut que la société arrive à ce degré d'organisation et de progrès politique qui lui permette de se constituer et de se conserver par ses propres forces; que, conséquemment, elle se place exclusivement dans l'ordre naturel; qu'elle mette entre elle et les ecclésiastiques une barrière infranchissable; qu'elle échappe à jamais à l'influence des prêtres, et qu'elle secoue, une bonne fois, tout ce qu'elle porte encore du joug dégradant de l'élément religieux; c'est-à-dire que si on laisse encore à certains individus la liberté d'être prêtres et d'habiter, comme le génie des ruines antiques et imposantes, la solitude des temples abandonnés, il faut que la société, si elle veut être libre, grande, heureuse, s'affranchisse des vaines terreurs de la conscience, et vive sans Dieu, sans culte et sans prêtres.

Telle a été, sinon le langage exprès, au moins, l'idée favorite des docteurs de la raison humaine et des apô

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