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Lansdown, Jersey, and Lauderdale; Messrs. since I left their country, and almost all these Scott, Hammond, Sir Humphry Davy, the late M. Lewis, W. Bankes, Mr. Hoppner, Thomas Moore, Lord Kinnaird, his brother, Mr. Joy, and Mr. Hobhouse, I do not recollect to have exchanged a word with another Englishman

I had known before. The others, and God knows there were some hundreds,-who bored me with letters or visits, I refused to have any communication with and shall be proud and happy when that wish becomes mutual.

APPENDIX TO THE TWO FOSCARI.

Extrait de l'Histoire de la République de Venise, | constance que de l'obstination; de ce qu'il tai

par Daru.

Depuis trente ans, la république n'avait pas déposé les armes. Elle avait acquis les provinces de Brescia, de Bergame, de Crême, et la principauté de Ravenne.

Mais ces guerres continuelles faisaient beaucoup de malheureux et de mécontents. Le doge François Foscari, à qui on ne pouvait pardonner d'en avoir été le promoteur, manifesta une seconde fois, en 1442, et probablement avec plus de sincérité que la première, l'intention d'abdiquer sa dignité. Le conseil s'y refusa encore. On avait exigé de lui le serment de ne plus quitter le dogat. Il était déjà avancé dans la vieillesse, conservant cependant beaucoup de force de tête et de caractère, et jouissant de la gloire d'avoir vu la république étendre au loin Tes limites de ses domaines pendant son admini

stration.

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Son fils, Jacques Foscari, fut accusé, en 1445, d'avoir reçu des présents de quelques princes ou seigneurs étrangers, notamment, disait-on, du duc de Milan, Philippe Visconti. C'était nonseulement une bassesse, mais une infraction des lois positives de la république.

Le conseil des dix traita cette affaire comme s'il se fut agi d'un délit commis par un particulier obscur. L'accusé fut amené devant ses Juges, devant le doge, qui ne crut pas pouvoir s'abstenir de présider le tribunal. Là, il fut interrogé, appliqué à la question, déclaré coupable, et il entendit, de la bouche de son père, l'arrêt qui le condamnait à un bannissement perpétuel, et le reléguait à Naples de Romanie, pour y finir ses jours.

Embarqué sur une galère pour se rendre_au lieu de son exil, il tomba malade à Trieste. Les sollicitations du doge obtinrent, non sans difficulté, qu'on lui assignàt une autre résidence. Enfin le conseil des dix lui permit de se retirer à Trévise, en lui imposant l'obligation d'y rester sous peine de mort, et de se présenter tous les jours devant le gouverneur.

II y était depuis cinq ans, lorsqu'un des chefs du conseil de dix fut assassiné. Les soupçons se portèrent sur lai: un de ses domestiques qu'on avait vu à Venise fut arrêté et subit la torture. Les bourreaux ne purent lui arracher aucun aven. Ce terrible tribunal se fit amener le maitre, le soumit aux mêmes épreuves; il résista à tous les tourments, ne cessant d'attester son innocence; *) mais on ne vit dans cette

*) Voici le texte du jugement: "Cum Jacobus Foscari per occasionem percussionis et mortis Hermolai Donati fuit retentus et examinatas, et propter significationes, testificationes, et scripturas quæ habentur contra eum, clare apparet ipsum esse reum criminis prædicti, sed propter incantationes et verba quæ sibi re

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sait le fait, on conclut que ce fait existait: on attribua sa fermeté à la magie, et on le relégua à la Canée. De cette terre lointaine, le banni, digne alors de quelque pitié, ne cessait d'écrire à son père, à ses amis, pour obtenir quelque adoucissement à sa déportation. N'obtenant rien, et sachant que la terreur qu'inspirait le conseil des dix ne lui permettait pas d'espérer de trouver dans Venise une seule voix qui s'élevat en sa faveur, il fit une lettre pour le nouveau duc de Milan, par laqnelle, au nom des bons offices que Sforce avait reçus du chef de la république, il implorait son intervention en faveur d'un'innocent, du fils du doge.

Cette lettre, selon quelques historiens, fut confiée à un marchand qui avait promis de la faire parvenir au duc, mais qui, trop averti de ce qu'il avait à craindre en se rendant l'intermédiaire d'une pareille correspondance, se hàta, en débarquant à Venise, de la remettre au chef du tribunal. Une autre version, qui parait plus sure, rapporte que la lettre fut surprise par un espion, attaché aux pas de l'exilé.

C'était

Ce fut un nouveau délit dont on eut à punir Jacques Foscari. Réclamer la protection d'un prince étranger était un crime, dans un sujet de la république. Une galère partit sur-le-champ pour l'amener dans les prisons de Venise. Å son arrivée il fut soumis à l'estrapade. une singulière destinée pour le citoyon d`une république et pour le fils d'un prince, d'ètre trois fois dans sa vie appliqué à la question. Cette fois la torture était d'autant plus odieuse, qu'elle n'avait point d'objet, le fait qu'on avait à lui reprocher étant incontestable.

Quand on demanda à l'accusé, dans les intervalles que les bourreaux lui accordaient, pourquoi il avait écrit la lettre qu'on lui produisait, il répondit que c'était précisément parce qu'il ne doutait pas qu'elle ne tombat entre les mains da tribunal, que toute autre voie lui avait été fermée pour faire parvenir ses réclamations, qu'il s'attendait bien qu'on le ferait amener à Venise, mais qu'il avait tout risqué pour avoir la consolation de voir sa femme, son père, et

sa mère encore une fois.

Sur cette naïve déclaration, on confirma sa sentence d'exil; mais on l'aggrava, en y ajoutant qu'il serait retenu en prison pendant un

perta sunt, de quibus existit indicia manifesta, videtur propter obstinatam mentem suam, non esse possibile extrahere ab ipso illam veritatem, quæ clara est per scripturas et per testificationes, quoniam in fune aliquam nec vocem, nec gemitum, sed solum intra dentes voces ipse videtur et auditur infra se loqui. Tamen non est standum in istis terminis, propter honorem status nostri et pro multis respectibus, præsertim qnod regimen nostrum occupatur in hac re et qui interdictum est amplius progredere: vadit pars quod dictus Jacobus Foscari, propter ea que habentur de illo, mittatur in confinium in civitate Caner.

les mêmes efforts que la vertu La servitude aurait-elle son héroisme comme la liberté ?

an. Cette rigueur, dont on usait envers un malheureux, était sans doute odieuse; mais cette politique, qui défendait à tous les citoyens de Quelque temps après ce jugement, on découvrit faire intervenir les étrangers dans les affaires le véritable auteur de l'assassinat, dont Jacques intérieures de la république, était sage. Elle Foscari portait la peine; mais il n'était plus était chez eux une maxime de gouvernement et temps de réparer cette atroce injustice, le malune maxime inflexible. L'historien Paul Moro-heureux était mort dans sa prison. sini a conté que l'empereur Frédéric 111, pendant qu'il était l'hôte des Vénitiens, demanda comme une faveur particulière, l'admission d'un citoyen dans le grand conseil, et la grace d'un ancien gouverneur de Candie, gendre du doge, et banni pour sa mauvaise administration, sans pouvoir obtenir ni l'une ni l'autre.

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Cependant on ne put refuser au condamné la permission de voir sa femme, ses enfans ses parents, qu'il allait quitter pour toujours. Cette dernière entrevue même fut accompagnée de cruauté, par la sévère circonspection, qui retenait les épanchemens de la douleur paternelle et conjugale. Ce ne fut point dans l'intérieur de leur appartement, ce fut dans une des grandes salles du palais, qu'une femme, accompagnée de ses quatre fils, vint faire les derniers adieux à son mari, qu'un père octogénaire, et la dogaresse accablée d'infirmités, jouirent un moment de la triste consolation de mêler leurs larmes à celles de leur fils exilé. Il se jeta à leurs genoux en leur tendant des mains disloquées par la torture pour les supplier de solliciter quelque adoucissement à la sentence qui venait d'être prononcée contre lui. Son père eut le courage de lui répondre: "Non, mon fils, respectez votre arrét, et obéissez sans murmure à la seigneurie." *) A ces mots il se sépara de l'infortuné, qui fut sur-le-champ embarqué pour Candie.

L'antiquité vit avec autant d'horreur que d'admiration un père condamnant ses fils évidemment coupables. Elle hésita pour qualifier de vertu sublime ou de férocité cet effort qui parait audessus de la nature humaine; **) mais ici, où la première faute n'était qu'une faiblesse, où la seconde n'etait pas prouvée, où la troisième n'avait rien de criminel, comment concevoir la constance d'un père, qui voit torturer trois fois son fils unique, qui l'entend condamner sans preuves et qui n'éclate pas en plaintes, qui ne l'aborde que pour lui montrer un visage plus austère qu'attendri, et qui, au moment de s'en séparer pour Jamais, lui interdit les murmures et jusqu'à l'espérance? Comment expliquer une si cruelle circonspection, si ce n'est en avouant, à notre honte, que la tyrannie peut obtenir de l'espèce humaine

|

Il me reste à raconter la suite des malheurs du père. L'histoire les attribue à l'impatience qu'avaient ses ennemis et ses rivaux de voir vaquer sa place. Elle accuse formellement Jacques Loredan, l'un des chefs du conseil des dix, de s'être livré contre ce vieillard aux conseils d'une haine héréditaire, et qui depuis longtemps divisait leurs maisons.

François Foscari avait essayé de la faire cesser, en offrant sa fille à l'illustre amiral Pierre Loredan, pour un de ses fils. L'alliance avait été rejetée, et l'inimitié des deux familles s'en était accrue. Dans tous les conseils, dans toutes les affaires, le doge trouvait toujours les Loredans prêts à combattre ses propositions ou ses intérêts. 11 lui échappa un jour de dire qu'il ne se croirait réellement prince, que lorsque Pierre Loredan aurait cessé de vivre. Cet amiral mourut quelque temps après d'une incommodité assez prompte qu'on ne put expliquer. Il n'en fallut pas davantage aux malveillants pour insinuer que François Foscari, ayant desiré cette mort, pouvait bien l'avoir hátée.

Ces bruits s'accréditèrent encore lorsqu'on vit aussi périr subitement Marc Loredan, frère de Pierre, et cela dans le moment où, en sa qualité d`avogador, il instruisait un procès contre André Donato, gendre du doge, accusé de péculat. On écrivit sur la tombe de l'amiral qu'il avait été enlevé à la patrie par le poison.

Il n'y avait aucune preuve, aucun indice contre François Foscari, aucune raison même de le soupçonner. Quand sa vie entière n'aurait pas démenti une imputation aussi odieuse, il savait que son rang ne lui promettait ni l'impunité ni même l'indulgence. La mort tragique de l'un de ses prédécesseurs l'en avertissait, et il n'avait que trop d'exemples domestiques du soin que le conseil des dix prenait d'humilier le chef de la république.

Cependant, Jacques Loredan, fils de Pierre, croyait ou feignait de croire avoir à venger les pertes de sa famille. *) Dans ses livres de comptes (car il faisait le commerce, comme à cette époque presque tous les patriciens), il avait inscrit de sa propre main le doge au nombre de ses débiteurs, "pour la mort" y était-il dit "de mon père et de mon oncle." De l'autre côté du régistre, il ) Marin Sanuto, dans sa chronique, Vite avait laissé une page en blanc, pour y faire de Duchi, se sert ici sans en avoir eu l'inten-mention du recouvrement de cette dette, et en tion d'une expression assez énergique: "Il doge effet, après la perte du doge, il écrivit sur son era vecchio in decrepita età e caminava con registre: il me l'a payée, l'ha pagata. e quando gli andò parlogli molto constantemente che parea che non fosse suo figliuolo, licet fosse figliuolo unico, e Jacopo disse, messer padre, vi prego che procuriate per me, acciocchè io torni a casa mia. Il doge disse: Jacopo, va e ubbedisci a quello che vuole la terra, e non cercar più oltre."

una mazzetta ;

**) Cela fut un acte que l'on ne sçauroit ny suffissament louer, ny assez blasmer: car, ou c'estoit une excellence de vertu, qui rendoit ainsi son coeur impassible, ou une violence de passion qui le rendoit insensible, dont ne l'une ne l'autre n'est chose petite, ains surpassant l'ordinaire d'humaine nature et tenant ou de la divinité ou de la bestialité. Mais il est plus raisonnable que le jugement des hommes e'accorde à sa gloire, que la faiblesse des jugeans fasse descroire sa vertu. Mais pour lors quand il se fut retiré, tout le monde demoura sur la place, comme transy d'horreur et de frayeur, par un long temps sans mot dire, pour avoir veu ce qui avoit été fait. (Plutarque, Valerius Publicola.)

Jacques Loredan fut élu membre du conseil des dix, en devint un des trois chefs, et se promit bien de profiter de cette occasion pour accomplir la vengeance qu'il méditait.

Le doge en sortant de la terrible épreuve qu'il venait de subir, pendant le procès de son fils, s'était retiré au fond de son palais, incapable de se livrer aux affaires, consumé de chagrins, accablé de vieillesse, il ne se montrait plus en public, ni même dans les conseils. Cette retraite, si facile à expliquer dans un vieillard octogénaire si malheureux, déplut aux décemvirs, qui voulurent y voir un murmure contre leurs arrêts.

Loredan commença par se plaindre devant ses collègues du tort que les infirmités du doge, son absence des conseils, apportaient à l'expédition des affaires; il finit par hasarder et réussit à faire agréer la proposition de le déposer. Ce

*) Hasce tamen injurias quamvis imaginarias non tam ad animum revocaverat Jacobus Lauredanus defunctorum nepos, quam in abecedarium vindictam opportuna. (Palazzi Fasti duales).

n'était pas la première fois que Venise avait Cependant le tribunal arrêta que les six conpour prince un homme dans la caducité; l'usage et les lois y avaient pourvu; dans ces circonstances le doge était suppléé par le plus ancien du conseil. Ici, cela ne suffisait pas aux ennemis de Foscari. Pour donner plus de solennité à la délibération, le conseil des dix demanda une adjonction de vingt-cinq sénateurs; mais comme on n'en énonçait pas l'objet, et que le grand conseil était loin de le soupçonner, il se trouva que Marc Foscari, frère du doge, leur fut donné pour l'un des adjoints. Au lieu de l'admettre à la délibération, ou de réclamer contre ce choix, on enferma ce sénateur dans une chambre séparée, et on lui fit jurer de ne jamais parler de cette exclusion qu'il éprouvait, en lui déclarant qu'il y allait de sa vie; ce qui n'empêcha pas qu'on n'inscrivit son nom au bas du décret, comme s'il y eut pris part.

seillers de la seigneurie et les chefs du conseil des dix se transporteraient auprès du doge, pour lui signifier que l'excellentissime conseil avait jugé convenable qu'il abdiquàt une dignité dont son age ne lui permettait plus de remplir les fonctions. On lui donnait 1500 ducats d'or pour son entretien, et vingt-quatre heures pour se décider. Foscari répondit sur-le-champ avec beaucoup de gravité, que deux fois il avait voulu se démettre de sa charge; qu'au lieu de le lui permettre, on avait exigé de lui le serment de ne plus réitérer cette demande; que la providence avait prolongé ses jours pour l'éprouver et pour l'affliger; que cependant on n'était pas en droit de reprocher, sa longue vie à un homme qui avait employé quatre-vingt-quatre ans au service de la république; qu'il était prêt encore à lui sacrifier sa vie; mais que, pour sa dignité, il la tenait de la république entière, et qu'il se réservait de répondre sur ce sujet, quand la volonté générale se serait légalement manifestée.

Le lendemain, à l'heure indiquée, les conseil lers et les chefs des dix se présentèrent. Il ne voulut pas leur donner d'autre réponse. Le conseil s'assembla sur-le-champ, lui envoya demander encore une fois sa résolution, séance tenante, et, la réponse ayant été la même, on prononça que le doge était relevé de son serment et déposé de sa dignité; on lui assignait une pension de 1500 ducats d'or, en lui enjoignant de sortir du palais dans huit jours, sous peine de voir tous ses biens confisqués.

Quand on en vint à la délibération, Loredan la provoqua en ces termes. "Si l'utilité publique doit imposer silence à tous les intérêts privés, Je ne doute pas que nous ne prenions aujourd'hui une mesure que la patrie réclame, que nous lui devons. Les états ne peuvent se maintenir dans un ordre de choses immuable: vous n'avez qu'à voir comme le nôtre est changé, et combien il le serait davantage s'il n'y avait une antorité assez ferme pour y porter remède. J'ai honte de vous faire remarquer la confusion qui règne dans les conseils, le désordre des délibérations, l'encombrement des affaires, et la légèreté avec laquelle les plus importantes sont décidées, la licence de notre jeunesse, le peu d'assiduité des Le lendemain, ce décret fat porté au doge, et magistrats, l'introduction de nouveautés dan- ce fut Jacques Loredan qui eut la cruelle joie gereuses. Quel est l'effet de ces désordres de de le lui présenter. Il répondit: "Si j'avais pu compromettre notre considération. Quelle en est prévoir que ma vieillesse fut préjudiciable à l'éla cause? l'absence d'un chef capable de modérer tat, le chef de la république ne se serait pas les uns, de diriger les autres, de donner l'exemple montré assez ingrat, pour préférer sa dignité à à tous, et de maintenir la force des lois. Où la patrie; mais cette vie lui ayant été utile penest le temps où nos décrets étaient aussitôt dant tant d'années, je voulais lui en consacrer exécutés que rendus? Où François Carrare jusqu'an dernier moment. Le décret est rendu, se trouvait investi dans Padoue, avant de pou-je m'y conformerai." Après avoir parlé ainsi, voir être seulement informé que nous voulions il se dépouilla des marques de sa dignité, remit lui faire la guerre ? Nous avons vu tout le con- l'annean ducal qui fut brisé en sa présence, et traire dans la dernière guerre contre le duc de dès le jour suivant il quitta ce palais, qu'il avait Milan. Malheureuse la république qui est sans chef! habité pendant trente-cinq ans, accompagné de Je ne vous rappelle pas tous ces inconvénients son frère, de ses parents, et de ses amis. Un et leurs suites déplorables, pour vous affliger, secrétaire, qui se trouva sur le perron, l'invita à pour vous effrayer, mais pour vous faire souvenir descendre par un escalier dérobé, afin d'éviter que vous êtes les maîtres, les conservateurs de la foule du peuple, qui s'était rassemblé dans cet état fondé par vos pères, et de la liberté les cours; mais il s'y refusa, disant qu'il voulait que nous devons à leurs travaux, à leurs insti- descendre par où il était monté; et quand il fut tutions. Ici, le mal indique le remède. Nous au bas de l'escalier des géants, il se retourua, n'avons point de chef, il nous en faat un. Notre appuyé sur sa béquille, vers le palais, en proféprince est notre ouvrage, nous avons donc le rant ces paroles: "Mes services m'y avaient apdroit de juger son mérite quand il s'agit de l'é- pelé, la malice de mes ennemis m'en fait sortir.“ lire, et son incapacité quand elle se manifeste. J'ajouterai que le peuple, encore bien qu'il n'ait pas le droit de prononcer sur les actions de ses maitres, apprendra ce changement avec transport. C'est la providence, je n'en doute pas, qui lui inspire elle-même ces dispositions, pour vous avertir que la république réclame cette résolution, et que le sort de l'état est en vos mains." Ce discours n'éprouva que de timides contradictions; cependant, la délibération dura huit Jours. L'assemblée, ne se jugeant pas aussi sure de l'approbation universelle que l'orateur voulait le lui faire croire, désirait que le doge donnat lui-même sa démission. Il l'avait déjà proposée deux fois, et on n'avait pas voulu l'accepter. Aucune loi ne portait que le prince fût révocable: il était au contraire à vie, et les exemples qu'on pouvait citer de plusieurs doges déposés, prouvaient que de telles révolutions avaient toujours été le résultat d'un mouvement populaire. Mais d'ailleurs, si le doge pouvait être déposé, ce n'était pas assurément par un tribunal composé d'un petit nombre de membres, institué pour punir les crimes, et nullement investi du droit de révoquer ce que le corps souverain de l'état avait fait.

La foule qui s'ouvrait sur son passage, et qui avait peutêtre désiré sa mort, était émue de respect et d'attendrissement. Rentré dans sa maison, il recommanda à sa famille d'oublier les injurés de ses ennemis. Personne dans les divers corps de l'état ne se crut en droit de s'étonner, qu'un prince inamovible ent été déposé sans qu'on fui reprochat rien; que l'état eût perdu son chef, à l'insu du sénat et du corps souverain lui-même. Le peuple seul laissa échapper quelques regrets: une proclamation du conseil des dix_prescrivit le silence le plus absolu sur cette affaire, sous peine de mort.

Avant de donner un successeur à François Foscari, une nouvelle loi fut rendue, qui défendait an doge d'ouvrir et de lire, autrement qu'en présence de ses conseillers, les dépêches des ambassadeurs de la république, et les lettres des princes étrangers.

Les électeurs entrèrent au conclave, et nommèrent au dogat Paschal Malipieri, le 30 octobre 1457. La cloche de Saint-Marc, qui annonçait à Venise son nouveau prince, vint frapper l'oreille de Francois Foscari; cette fois sa fermeté l'abandouna, il éprouva un tel saisissement, qu'il mourut le lendemain.

La république arrêta qu'on lui rendrait les, fut victime de la falousie du conseil des dix, et mêmes honneurs fanèbres que s'il fut mort dans empoisonna par ses malheurs les jours de son père. l'exercise de sa dignité; mais lorsqu'on se pré- En effet, le conseil des dix, redoublant de désenta pour enlever ses restes, sa veuve, qui de fiance envers le chef de l'état, lorsqu'il le voson nom était Marine Nani, déclara qu'elle ne yait plus fort par ses talens et sa popularité, le souffrirait point; qu'on ne devait pas traiter veillait sans cesse sur Foscari, pour le punir en prince après sa mort celui que vivant on de son crédit et de sa gloire. Au mois de février avait dépouillé de la couronne, et que, puisqu'il | 1445, Michel Bevilacqua, Florentin, exilé à Veavait consumé ses biens au service de l'état, nise, accusa en secret Jacques Foscari auprès elle saurait consacrer sa dot à lui faire rendre des inquisiteurs d'état, d'avoir reçu du duc Philes derniers honneurs. Od ne tint aucun compte lippe Visconti des présens d'argent et de joyaux, de cette résistance, et malgré les protestations par les mains des gens de sa maison. Telle de l'ancienne dogaresse, le corps fut enlevé, était l'odieuse procédure adoptée à Venise, que revêtu des ornements ducaux, exposé en public, sur cette accusation secrète, le fils du doge, du et les obsèques furent célébrées avec la pompe représentant de la majesté de la république, fut accoutumée. Le nouveau doge assista au convoi mis à la torture. On lui arracha par l'estrapade en robe de sénateur. l'aveu des charges portées contre lui; il fut reLa pitié qu'avait inspirée le malheur de ce légué pour le reste de ses jours à Napoli de vieillard ne fut pas tout-à-fait stérile. Un anRomanie, avec obligation de se présenter chaque après, on osa dire que le conseil des dix avait matin au commandant de la place. Cependant, outrepassé ses pouvoirs, et il lui fut défendu par le vaisseau qui le portait ayant touché à Trieste, une loi du grand conseil de s'ingérer à l'avenir Jacob, grièvement malade des suites de la tor de juger le prince, à moins que ce ne fût pour ture, et plus encore de l'humiliation qu'il avait cause de félonie. éprouvée, demanda en grâce au conseil des dix de n'être pas envoyé plus loin. I obtint cette faveur, par une délibération du 28 décembre 1446; il fut rappelé à Trévise, et il eut la liberté d'habiter tout le Trevisan indifféremment. Il vivait en paix à Trévise, et la fille de Léonard Contarini, qu'il avait épousée le 10 février 1441, était venue le joindre dans son exil, lorsque, le 5 novembre 1450, Almoro Donato, chef du conseil des dix, fut assassiné.

Un acte d'autorité tel que la déposition d'un doge inamovible de sa nature, aurait pu exciter un soulèvement général, ou au moins occasioner une division dans une république autrement constituée que Venise. Mais depuis trois ans, Il existait dans celle-ci une magistrature, ou plutôt une autorité, devant laquelle tout devait se taire.

Extrait de l'Histoire des Républiques Italiennes

du moyen age, par Sismondi.

Les deux autres inquisiteurs d'état, Triadano Gritti et Antonio Venieri, portèrent leurs soupçons sur Jacob Foscari, parce qu'un domestique à lui, nommé Olivier, avait été vu ce soir-là Le doge de Venise, qui avait prévenu par ce même à Venise, et avait des premiers donné la traité ane guerre non moins dangereuse que nouvelle de cet assassinat. Olivier fut mis à la celle qu'il avait terminée presque en même torture, mais il nia jusqu'à la fin, avec un coutemps par le traité de Lodi, était alors parvenu rage inébranlable, le crime dont on l'accusait, à une extrême vieillesse. François Foscari oc- quoique ses juges eussent la barbarie de lui capait cette première dignité de l'état dès le faire donner jusqu'à quatre-vingts tours d'estra15 avril 1423. Quoiqu'il fut déjà àgé de plus de pade. Cependant, comme Jacob Foscari avait cinquante-un aus l'époque de son élection, il de puissans motifs d'inimitié contre le conseil était cependant le plus jeune des quarante-un des dix qui l'avait condamné, et qui témoignait électeurs. Il avait eu beaucoup de peine à par-de la haine au doge son père, on essaya de metvenir au rang qu'il convoitait, et son élection tre à son tour Jacob à la torture, et l'on proavait été conduite avec beaucoup d'adresse. longea contre lui ces affreux tourments, sans Pendant plusieurs tours de scrutin ses amis les réussir à en tirer aucune confession. Malgré plus zélés s'étaient abstenus de lui donner leur sa dénégation, le conseil des dix le condamna suffrage, pour que les autres ne le considéras à être transporté à la Canée, et accorda une sent pas comme un concurrent redoutable. Le récompense à son délateur. Mais les horribles conseil des dix craignait son crédit parmi la no- douleurs que Jacob Foscari avait éprouvées, blesse pauvre, parce qu'il avait cherché à se la avaient troublé sa raison; ses persécuteurs, tourendre favorable, tandis qu'il était procurateur chés de ce dernier malheur, permirent qu'on le de Saint-Mare, en faisant employer plus de ramenat à Venise le 26 mai 1451. I embrassa trente mille ducats à doter des jeunes filles de son père, il puisa dans ses exhortations quelque bonne maison, ou à établir de jeunes gentils- courage et quelque calme, et il fut reconduit hommes. On craignait encore sa nombreuse fa- immédiatement à la Canée. Sur ces entrefaites, mille, car alors il était père de quatre enfans, Nicolas Erizzo, homme déjà noté pour un précéet marié de nouveau; enfin on redoutait son dent crime, confessa, en mourant, que c'était lui ambition et son goût pour la guerre. L'opinion qui avait tué Almoro Donato. que ses adversaires s'étaient formée de lui fut Le malheureux doge, François Foscari, avait vérifiée par les événemens; pendant trente-qua- déjà cherché, à plusieurs reprises, à abdiquer tre ans que Foscari fut à la tête de la républi- une dignité si funeste à lui-même et à sa famille. que, elle ne cessa point de combattre. Si les 11 lui semblait que, redescendu au rang de simhostilités étaient suspendues durant quelques ple citoyen, comme il n'inspirerait plus de mois, s'était pour recommencer bientôt avec plus crainte ou de jalousie, on n'accablerait plus son de vigueur. Ce fut l'époque où Venise étendit fils par ces effroyables persécutions. Abattu son empire sur Brescia, Bergame, Ravenne, et par la mort de ses premiers enfans, il avait Créme; où elle fonda sa domination de Lombar-voulu, dès le 26 juin 1433, déposer une dignité, die, et parut sans cesse sur le point d'asservir durant l'exercice de laquelle sa patrie avait été toute cette province. Profond, courageux, iné-tourmentée par la guerre, par la peste, et par branlable, Foscari communiqua aux conseils son des malheurs de tout genre. Il renouvela cette propre caractère, et ses talens lui firent obtenir proposition après les jugements rendus contre plus d'influence sur la république, que n'avaient son fils; mais le conseil des dix le retenait forexercé la plupart de ses prédécesseurs. Mais si cément sur le trône, comme il retenait son fils son ambition avait eu pour but l'agrandissement dans les fers. de sa famille, elle fut cruellement trompée : trois de ses fils moururent dans les huit années qui suivirent son election; le quatrième, Jacob, par lequel la maison Foscari s'est perpétuée,

En vain Jacob Foscari, obligé de se présenter chaque jour au gouverneur de la Canée, réclamait contre l'injustice de la dernière sentence, sur laquelle la confession d'Erizzo ne laissait

plus de doutes. En vain il demandait grâce au
farouche conseil de dix; il ne pouvait obtenir
aucune réponse. Le désir de revoir son père et
sa mère, arrivés tous deux au dernier terme de
la vieillesse, le désir de revoir une patrie dont
la cruauté ne méritait pas un si tendre amour,
se changèrent en lui en une vraie fureur. Ne
pouvant retourner à Venise pour y vivre libre,
il voulut du moins y aller chercher un supplice.
Il écrivit au duc de Milan à la fin de mai 1456,
pour implorer sa protection auprès du sénat: et
sachant qu'une telle lettre serait considérée
comme un crime, il l'exposa lui-même dans un
lieu où il était sur qu'elle serait saisie par les
espions qui l'entouraient. En effet, la lettre
étant déférée au conseil des dix, on l'envoya
chercher aussitôt, et il fut reconduit à Venise
le 19 juillet 1456.

Jacob Foscari ne nia point sa lettre, il ra-
conta en même temps dans quel but il l'avait
écrite, et comment il l'avait fait tomber entre
les mains de son délateur. Malgré ces aveux,
Foscari fut remis à la torture, et on lui donna
trente tours d'estrapade, pour voir s'il confir-
merait ensuite ses dépositions.
détacha de la corde, on le trouva déchiré par
Quand on le
ces horribles secousses.
alors à son père, à sa mère, à sa femme, et à
Les juges permirent
ses fils, d'aller le voir dans sa prison. Le vieux
Foscari, appuyé sur un bâton, ne se traina
qu'avec peine dans la chambre où son fils uni-
que était pansé de ses blessures.
mandait encore la grace de mourir dans sa mai-
Ce fils de-
son.-"Retourne à ton exil, mon fils, puisque ta
patrie l'ordonne, lui dit le doge, et soumets-toi
à sa volonté. Mais en rentrant dans son palais,
ce malheureux vieillard s'évanouit, épuisé par
la violence qu'il s'était faite. Jacob devait en-
core passer une année en prison à la Canée,
avant qu'on lui rendit la même liberté limitée
à laquelle il était réduit avant cet événement;
mais à peine fut-il débarqué sur cette terre
d'exil, qu'il y mourut de douleur.

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qu'un ordre des conseils dispose de moi, je m'y soumettrai, mais je ne le devancerai pas." Alors une nouvelle délibération du conseil délia François Foscari de son serment ducal, lui assura une pension de deux mille ducats pour le reste. de sa vie, et lui ordonna d'évacuer en trois jours le palais, et de déposer les ornemens de sa dignité. Le doge ayant remarqué parmi les conseillers qui lui portèrent cet ordre, un chef de la quarantie qu'il ne connaissait pas, demanda son nom: "Je suis le fils de Marco Memmo," lui dit le conseiller.-"Ah! ton père était mon ami," lui dit le vieux doge, en soupirant. I donna aussitôt des ordres pour qu'on transportat ses effets dans une maison à lui; et le lendemain, 23 octobre, on le vit, se soutenant à peine, et appuyé sur son vieux frère, redescendre ces auparavant, on l'avait vu installé avec tant de mèmes escaliers sur lesquels, trente-quatre ans pompe, et traverser ces mêmes salles où la république avait reçu ses sermens. Le peuple entier parut indigné de tant de dureté exercée contre un vieillard qu'il respectait et qu'il aimait; mais le conseil des dix fit publier une d'être traduit devant les inquisiteurs d'état. Le défense de parler de cette révolution, sous peine Saint-Marc, fut élu pour successeur de Foscari; 20 octobre, Pasqual Malipieri, procurateur de celui-ci n'eut pas néanmoins l'humiliation de vivre sujet, là où il avait régné. En entendant le son des cloches, qui sonnaient en actions de d'une hémorragie causée par une veine qui graces pour cette élection, il mourut subitement s'éclata dans sa poitrine.

contradicteur et un censeur si amer dans son "Le doge, blessé de trouver constamment un frère, lui dit un jour en plein conseil: "Messire hater ma mort; vous vous flattez de me suecéder: mais si les autres vous connaissent aussi Augustin, vous faites tout votre possible pour bien que je vous connais, ils n'auront garde de Dès-lors, et pendant quinze mois, le vieux vous élire." Là dessus il se leva, éru de codoge accablé d'années et de chagrins, ne recou-lère, rentra dans son appartement, et monrut vra plus la force de son corps ou celle de son ame; il n'assistait plus à aucun des conseils, et il ne pouvait plus remplir aucune des fonctions de sa dignité. Il était entré dans sa quatrevingt-sixième année, et si le conseil des dix avait été susceptible de quelque pitié, il aurait attendu en silence la fin, sans doute prochaine, d'une carrière marquée par tant de gloire et tant de malheurs. Mais le chef du conseil des dix était alors Jacques Loredano, fils de Marc, et neveu de Pierre, le grand amiral, qui toute upon "Italy," I perceive the expression of "Rome In Lady Morgan's fearless and excellent work leur vie avaient été les ennemis acharnés du of the Ocean" applied to Venice. The same vieux doge. Ils avaient transmis leur haine à phrase occurs in the "Two Foscari." My publeurs enfants, et cette vieille rancune n'était lisher can vouch for me that the tragedy was pas encore satisfaite. A l'instigation de Lore-written and sent to England some time before dano, Jérôme Barbarigo, inquisiteur d'état, proposa au conseils des dix, au mois d'octobre 1457, received on the 16th of August. I hasten, howI had seen Lady Morgan's work, which I only de soumettre Foscari à une nouvelle humiliation. ever, to notice the coincidence, and to yield the Dès que ce magistrat ne pouvait plus remplir originality of the phrase to her who first placed ses fonctions, Barbarigo demanda qu'on nommat do this, as I am informed (for I have seen hut un autre doge. Le conseil, qui avait refusé par few of the specimens, and those accidentally) it before the public. I am the more anxious to deux fois l'abdication de Foscari, parce que la constitution ne pouvait la permettre, hésita that there have been lately brought against me avant de se mettre en contradiction avec ses charges of plagiarism. I have also had an anopropres décrets. Les discussions dans le conseil nymous sort of threatening intimation of the et la junte se prolongèrent pendant huit jours, ing money. To such charges I have no answer jusque fort avant dans la nuit. Cependant, on same kind, apparently with the intent of extortfit entrer dans l'assemblée Marco Foscari, pro-am reproached for having formed the description curateur de Saint-Marc, et frère du doge, pour of a shipwreck in verse from the narratives of qu'il fut lié par le redoutable serment du secret, One of them is ludicrous enough. I et qu'il ne put arrêter les menées de ses ennemis. Enfin, le conseil se rendit auprès du doge, et lui demanda d'abdiquer volontairement un emploi qu'il ne pouvait plus exercer. juré," répondit le vieillard, "de remplir jusqu'à "J'ai ma mort, selon mon honneur et ma conscience, les fonctions auxquelles ma patrie m'a appelé. Je ne puis me délier moi-même de mon serment;

*) The Venetians appear to have had a particular turn for breaking the hearts of their Doges: the above is another instance of the kind in the Doge Marco Barbarigo; he was succeeded by his brother Agostino Barbarigo, whose chief merit is the above mentioned.

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