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bizarre d'un génie non, moins étonnant que Shakespeare, on a souvent retrouvé tout le talent de M. Delille; on le cherchait dans l'Homme des champs et dans le poëme de la Pitié1.

Le même M. Delille a traduit autrefois, avec beaucoup de bonheur, la belle Épitre de Pope

au docteur Arbuthnot. Un autre chef-d'œuvre de Pope, l'héroïde d'Héloïse, avait déja fondé la réputation de M. Colardeau. M. Boisjolin mérite d'être cité après ces talens célèbres; et sa traduction de la Forêt de Windsor est un des morceaux les plus purs qui aient paru depuis long-tems.

Quand il devient difficile d'oser penser soimême, on peut encore traduire. Indépendamment de l'élégie de Gray, le meilleur ouvrage que nous ayons en ce genre, au moins dans les langues modernes, quelques autres pièces de ce poète sont dignes d'une version élégante et soignée par exemple, son Hymne à l'Adversité; ses deux Odes pindariques, l'une sur les progrès de la poésie, l'autre intitulée le Barde; mais plus encore, à mon avis, son Ode charmante sur le collège d'Éton. L'Ode plus fameuse que Dryden a composée sur la Musique, l'Emma de Prior,

1. Voyez, au tome III des OEuvres posthumes, le Tableau de la littérature, chap. VIII, p. 272.

2. Voyez ibid., chap. IX, p. 292.

l'Hermite de Parnell, l'Épître d'Addison sur l'Italie, une douzaine de fables de Gay, deux petits poëmes de Goldsmith: le Voyageur et le Village abandonné, mériteraient aussi d'exercer parmi nous des versificateurs habiles. Les littératures ne sont jamais en guerre. Il peut exister des querelles politiques entre les divers gouvernemens; le vœu philantropique de Sully, de l'abbé de Saint-Pierre et de J.-J. Rousseau, peut n'être encore que le rêve des hommes de bien; mais il existe pour le génie un traité de paix perpétuelle, qui doit être religieusement observé.

LE CIMETIÈRE

DE CAMPAGNE.

THE COUNTRY

CHURCH-YARD.

ELEGY.

THE Curfew tolls the knell of parting day,
The lowing herd winds slowly o'er the lea,
The ploughman, homeward plods his weary way,
And leaves the world to darkness and to me.

Now fades the glimmering landscape on the sight,
And all the air a solemn stillness holds,
Save where the beetle wheels his droning flight,
And drowsy tinklings lull the distant folds.

Save that, from yonder ivy-mantled tower,
The moping owl does to the moon complain
Of such as, wandering near her secret bower,
Molest her ancient solitary reign.

Beneath those rugged elms, that yew-tree's shade,
Where heaves the turf in many a mouldering heap,
Each in his narrow cell for ever laid,

The rude forefathers of the hamlet sleep.

LE CIMETIÈRE

DE CAMPAGNE.

ÉLÉGIE.

Le jour fuit; de l'airain les lugubres accens
Rappellent au bercail les troupeaux mugissans;
Le laboureur lassé regagne sa chaumière;
Du soleil expirant la tremblante lumière.
Délaisse par degrés les monts silencieux;
Un calme solennel enveloppe les cieux;

Et sur un vieux donjon, que le lierre environne,
Les sinistres oiseaux, par un cri monotone,

Grondent le voyageur, dans sa route égaré,
Qui vient troubler l'empire à la nuit consacré.

m

Près de ces ifs noueux dont la verdure sombre
Sur les champs attristés répand le deuil et l'ombre,
Sous ces frêles gazons, parure du tombeau,
Dorment les villageois, ancêtres du hameau.

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