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PRÉFACE.

LORSQUE la vive douleur qu'éveille en nous la perte d'un grand homme vient à se calmer, le premier besoin qu'on éprouve est, je crois, d'arracher à la mort tout ce qu'on peut lui enlever. On rassemble ses souvenirs, on veut retrouver les traits, les pensées, les impressions, et jusques à l'accent de la voix de celui qui n'est plus. On cherche partout cette âme immortelle qui échappe au temps, ce cœur qui battait si vite, et qui donnait sa brûlante empreinte à tout ce qui s'en exhalait. Le génie est une apparition si belle et si

rare

qu'on ne saurait trop consacrer son passage sur la terre, et trop honorer sa mémoire. Si l'éclat de la gloire de lord Byron fut

obscurci par quelques erreurs, l'ensemble imposant de sa vie, et surtout sa glorieuse fin, ont droit à notre admiration la plus vive. Je sais qu'il me manque bien des choses pour être digne de traiter un pareil sujet; mais cette admiration, je la sens, et les mots me viendront, j'espère, pour l'exprimer. D’ailleurs, l'héritier de la brillante couronne de lord Byron, le poète qui succède à ses honneurs en Angleterre, Moore, son ami et son émule, possède encore de lui des manuscrits précieux, dont il compte donner des extraits au monde : ce n'est donc qu'en attendant que je me hasarde à publier ceci.

Le génie de lord Byron a été goûté en France, mais non apprécié et senti comme il doit l'être : on a confondu le sublime avec le bizarre, l'enthousiasme avec le délire. Ces erreurs avaient souvent éveillé en moi le desir de faire une revue des poèmes de ce grand homme en racontant l'impression que j'en recevais, et cette idée se ranima avec force au moment de sa mort. Ses œuvres me sem

blaient renfermer d'immortels mémoires de

sa vie.

En effet, toute son existence fut poétique. Il unissait à la force de l'âme la puissance des actions. Il traduisait ses sentimens, ses émotions, en une langue divine. Il sentait, il vivait, il agissait en poète : c'est donc dans ses chants qu'il faut le chercher; c'est là qu'on retrouve son âme généreuse, son imagination puissante, son cœur froissé par le monde, tour-à-tour abattu et renaissant. Là, toutes ses impressions se retracent comme dans un miroir magique, et lui-même est l'enchanteur qui nous révèle ces mystères. Frappée de cette idée, j'essayai de la développer dans un article sur lord Byron que je destinais à la Revue Encyclopédique: peu à peu le cercle que je m'étais tracé s'agrandit : un ami du poète anglais qui avait vécu dans son intimité, voulut bien me donner des détails sur sa jeunesse, ses habitudes, son mariage; un singulier hasard me procura deux pièces de vers de lady Byron, qui

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