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trait; ne le croyez pas exagéré. Il n'est pas un trait qui ne pût être encore enlaidi. OEuvre informe des «< ouvriers de la nature » (*) qui firent ce monstre, quand leur maîtresse voulut se reposer: Syrius femelle de son étroite sphère, où tout se flétrit et meurt sous son influence funeste.

<«< Oh! misérable! Sans une larme, sans une pensée, si ce n'est de joie sur les ruines que tu as faites, le temps viendra, et il n'est pas loin, où tu sentiras plus de souffrances que tu n'en infligeas; tu gémiras en vain sur ton être égoïste, vil, aride; tu hurleras dans les angoisses de la douleur, et personne ne te plaindra. Puisse la terrible malédiction des affections brisées retomber

Yet true to << Nature's journeymen, » who made
This monster when their mistress left off trade,—
This female dog-star of her little sky,
Where all beneath her influence droop or die.

Oh! wretch without a tear-without a thought,
Save joy above the ruin thou hast wrought-
The time shall come, nor long remote, when thou
Shalt feel far more than thou inflictest now;
Feel for thy vile self-loving self in vain,

And turn thee howling in unpitied pain.
May the strong curse of crush'd affections light
Back on thy bosom with reflected blight!
And make thee in thy leprosy of mind
As loathsome to thyself as to mankind!

(*) Expression de Shakespeare dans Hamlet.

sur ton sein avec un double poids, et dans la lèpre de ton âme, te rendre aussi haïssable à toi-même qu'à tout le genre humain; jusqu'à ce que toutes tes pensées, fixées sur toi, engendrent une haine implacable comme celle que tu voulus créer pour d'autres; jusqu'à ce que ton cœur soit calciné et réduit en poussière, et que ton âme se débatte dans sa hideuse enveloppe. Oh! puisse ta tombe n'être jamais visitée du sommeil, comme la couche de feu et de veuvage que tu m'as préparée! Alors, quand tu voudrais fatiguer le ciel de tes prières, regarde tes victimes sur la terre et désespère du pardon. Retourne en poussière, et quand tu pourriras, les vers même mourront sur ton cadavre empoisonné. Ah! sans l'amour que je ressentis, que je ressens encore, pour celle dont ta noirceur

Till all thy self-thoughts curdle into hate,
Black-as thy will for others would create :
Till thy hard heart be calcined into dust,
And thy soul welter in its hideous crust.
Oh! may thy grave be sleepless as the bed,-

The widow'd couch of fire, that thou hast spread!

Then, when thou fain would'st weary Heaven with prayer,

Look on thine earthly victims-and despair!

Down to the dust!—and, as thou rott'st away,
Even worms shall perish on thy poisonous clay.
But for the love I bore, and still must hear,
To her thy malice from all ties would tear-
Thy name-thy human name—to every eye
The climax of all scorn should hang on high,

voulut briser tous les liens, ton nom....., celui que tu portais sous une forme humaine, affiché à tous les yeux, deviendrait un signal d'horreur et de mépris. Élevé au-dessus de celui de tes complices moins abhorrés, il serait voué à l'infamie par la postérité (*).

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30 mars 1816. »

y a dans tout ce morceau un accent de vengeance et de mépris dont la traduction ne donne qu'une bien faible idée. Les vers brûlent d'indignation; les mots vulgaires s'ennoblissent par la force avec laquelle ils sont employés; l'expression est si âpre et si dévorante, qu'elle semble devoir consumer ceux qu'elle attaque. On frémit à l'idée d'une douleur assez vive pour inspirer tant de haine.

Exalted o'er thy less abhorred compeers-
And festering in the infamy of years.

March 30, 1816.

(*) Il est impossible de traduire en français la pensée des trois derniers vers; lord Byron semble y comparer le nom de son ennemie au cadavre d'un criminel qui, élevé sur un gibet, exposé à tous les yeux, se corrompt de plus en plus avec les années; ce n'est du moins qu'en supposant ce sous-entendu qu'on peut expliquer la dernière imprécation.

CHAPITRE VI.

LE PRISONNIER DE CHILLON.

DES PASSIONS.

DE

L'ENTHOUSIASME.

Lord Byron traversa rapidement la France, se rendit à Bruxelles, et visita la plaine de Waterloo, un an après la bataille. Il y composa un des plus beaux passages de Childe Harold. Il alla ensuite à Coblentz, remonta le Rhin jusqu'à Bâle, et s'arrêta quelque temps sur les bords du lac de Genève. Ce fut alors qu'il écrivit le Prisonnier de Chillon, poème plein d'âme et de sensibilité. De tous les ouvrages de lord Byron, c'est peut-être celui qui fait pleurer davantage. Les affections y sont douces et profondes, les images gracieuses; mais elles apparaissent à travers un nuage de tristesse qui assombrit tout. C'est un cri de souffrance et de liberté sorti du fond d'un cachot. Le prisonnier ne lutte pas contre le désespoir : arrivé au dernier terme du malheur, il se résigne, parce qu'il n'a plus à gémir que sur lui. Le récit est simple; un sentiment religieux y domine et lui donne un accent nouveau qu'on ne retrouve pas dans les autres productions de Byron. Il y a une foule de nuances

délicates et tendres, un dévoûment si touchant et si vrai, que l'âme en est profondément émue.

Lorsque je lus ce poème pour la première fois, il me fit éprouver tant d'émotions, que je ne pus résister au desir de les faire partager. Je le traduisis pour une de mes amies qui ne savait pas l'anglais, et je m'appliquai surtout à rendre le sentiment et l'accent du poète. Quoique je sois bien loin d'avoir réussi, cependant je me hasarde à donner ici cette traduction, parce qu'elle est courte, que je la crois fidèle, et qu'elle prouve mieux que tous les commentaires que lord Byron avait l'âme aimante et noble (*).

LE PRISONNIER DE CHILLON.

I.

« Ce n'est ni la vieillesse ni de vaines terreurs qui ont blanchi ma tête. Ce changement ne s'est pas fait non

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(*) La traduction publiée en français, qui fait partie de la collection des Œuvres de lord Byron, est tout-à-fait mauvaise; on n'y retrouve point l'âme du poète et ses pensées n'y sont pas comprises.

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