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était pour

patrie le repoussa de son sein, et il devint citoyen de l'univers. Son génie qui, au milieu de la société, lui une, douleur, une fièvre dévorante, s'étendit sur le monde entier, il en atteignit les bornes, et se replia sur lui-même. Il n'avait rien trouvé qui pût remplir le vide de son âme péné

trante.

CHAPITRE II.

ENFANCE ET ÉDUCATION DE LORD BYRON.

STANCES

A MARIE.

ANECDOTES.

GEORGES GORDON NOEL BYRON, né le 22 janvier 1788, dans une terre de sa mère, à 30 milles d'Aberdeen, annonça de bonne heure un caractère ardent et un talent précoce. Il était boiteux et d'un tempérament fort délicat. Son père, dont la mémoire est entachée de plusieurs vices, dépensa toute la fortune de sa femme, et l'abandonna ainsi que son enfant, pour fuir en France ses créanciers. Le jeune Gordon, seule consolation de sa mère, fut traité par elle avec une indulgence qui allait jusqu'à la faiblesse. Elle ne voulut l'obliger à faire aucune étude; elle le laissait gravir les montagnes et courir dans les bois pendant des journées entières. Ces courses au milieu des sites les plus agrestes de l'Ecosse, firent naître en lui cet amour de la nature qu'il a toujours conservé, et qui, depuis, a souvent adouci ses malheurs. On retrouve dans ses premières poésies les souvenirs de son enfance, et des lieux où il l'avait passée. Ce fut là qu'il connut miss Chaworth, plus âgée que lui de quelques années, et petite-fille d'un lord de ce nom,

tué par l'oncle de lord Byron, à la suite d'une querelle. Cette jeune fille fut l'objet de son premier amour; elle lui inspira une admiration mêlée de respect: il ne la quittait presque pas. « Elle était sa vie toute entière. Il ne respirait qu'en elle. >> Quoiqu'il fût encore enfant « son cœur avait devancé ses années. » Dans les premiers vers qu'il lui adressa plus tard, il dépeint ainsi le sentiment qu'il éprouvait pour elle.

A MARIE.

I.

Lorsque, jeune montagnard, j'errais sur la sombre bruyère, gravissant les sommets escarpés du neigeux Morven (*), pour contempler le torrent qui grondait au-dessous, ou le brouillard de la tempête qui se rassemblait à mes pieds (**), inhabile aux sciences, étranger à la crainte, et rude comme les rochers où j'avais

1.

When I rov'd, a young Highlander, o'er the dark heath,
And climb'd thy steep summit, oh! Morven of snow (*),

To gaze on the torrent, that thunder'd beneath,

Or the mist of the tempest that gather'd below (**);
Untutor❜d by science, a stranger to fear,

And rude as the rocks, where my infancy grew,

(*) Morven, haute montagne du comté d'Aberdeen. «< Gormal de neige » est une expression qu'on rencontre souvent dans Ossian.

(**) Cela ne semblera pas extraordinaire aux personnes qui ont habité les pays de montagnes; il n'est pas rare d'apercevoir, en atteignant le

vu le jour, mon âme n'était remplie que d'un seul sentiment. Est-il besoin de vous dire, ô ma douce Marie, qu'elle était concentrée en vous?

II.

Ce ne pouvait être de l'amour, car je n'en connaissais pas même le nom. Quelle passion peut habiter dans le cœur d'un enfant? Cependant j'éprouve encore la même émotion que je ressentais près de vous dans ces solitudes montagneuses. Une image, une seule, était devant mes yeux. J'aimais ces régions glacées, je ne soupirais pas pour un plus beau séjour : j'avais peu de desirs, tous mes vœux étaient comblés, et mes pensées étaient pures; car mon âme était en vous.

No feeling, save one, to my bosom was dear,
Need I say, my sweet Mary, 'twas centred in you?

2.

Yet it could not be love, for I knew not the name;
What passion can dwell in the heart of a child?
But, still, I perceive an emotion the same

As I felt, when a boy, on the crag-cover'd wild :
One image, alone, on my bosom imprest,

I lov'd my bleak regions, nor panted for new,
And few were my wants, for my wishes were blest,
And
pure were my thoughts, for my soul was with

you.

sommet du Ben e vis, du Ben y bourd, etc., entre soi et la vallée, des nuages qui se fondent en pluies accompagnées souvent de tonnerre et d'éclairs, tandis que le spectateur contemple l'orage sans ressentir ses effets.

III.

Levé avec l'aurore, n'ayant pour guide que mon chien, je bondissais de montagne en montagne; j'opposais mon sein nu aux vagues grossissantes de la Dee (*) à l'heure du reflux, et j'entendais au loin le chant du montagnard. Le soir, étendu sur ma couche de bruyère, vous présidiez à tous mes rêves, ô Marie, et mon ardente prière s'élevait jusqu'au ciel pour demander qu'il vous bénît.

IV.

J'ai laissé ma sombre patrie, et mes visions se sont dissipées; les montagnes se sont évanouies: Ma jeu

3.

I arose with the dawn, with my dog as my guide,
From mountain to mountain I bounded along,
I breasted the billows of Dee's (*) rushing tide,
And heard, at a distance, the Highlander's song:
At eve, on my heath-cover'd couch of repose,
No dreams, save of Mary, were spread to my view,
And warm to the skies my devotions arose,

For the first of my prayers was a blessing on you.

4.

I left my bleak home, and my visions are gone,
The mountains are vanish'd, my youth is no more;

(*) La Dee est une belle rivière qui prend sa source près de MarLogde et se jette dans la mer à la Nouvelle Aberdeen.

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